Images de Bretagne: 11/01/2013

Aujourd’hui, et depuis 1993, on peut dire vraiment :

« Pour la Saint-Martin,

les chanteurs de rue arrivent à Quintin ».

Groupe Manivel'swing, Palme d'Or 2013.

Cette année, ils sont arrivés pour participer à la 20e édition du festival le weekend 9 et 10 novembre 2013, dont le thème a été la « Foire de Saint-Martin ». La chanson traditionnelle française est toujours le personnage principal dans les rues de cette petite ville de caractère. Cette année, une invité d’exception venue du Japon : l’accordéoniste et chanteuse de rue Yuka Endo, qui a participé en tant qu’invitée d'honneur pour le 20^ème anniversaire.

Annick Guyomard et Yuka Endo.

10 chanteurs, venus de toute la France, ont participé dans la modalité in : un concours où le jury décerne des prix aux meilleurs. C’étaient : Sam'uel Ciffre (24), Alex Fohl (33), Monsieur Léo (22), Brutus Divagus (22), Le Duo (92), Orgu'a Tubes (69), Cogne Trottoir (26), Floriane (13), Chansons en carton (38) et Manivel’Swing (35).

Rozzany et son complice.

En spectacle, ou modalité off, plus de 40 artistes, chanteurs et musiciens se reproduisaient dans les rues et les chapiteaux, dont Lila Sol, le P'tit Fermie, François Budet, Drunken Lasy Bastards, Après la Messe, Claude Michel, Musicarue, Ens. Vocal Ecole de Musique, la Boom des copains, les Zinzincognitos, Nini Peau de Chien, Matin d'Printemps, Rozanny et son complice, Claudius Binoché, Annick Guyomard, l'Amanite, Miss Guinguette, les Crévindiou de Dinan avec Hervé Mauny et ses amis, « Chante avec nous » avec Jeanne-marie Jandos et son époux, Maurice Guéguen ainsi que d’autres participants.

Grilleur de cacahuètes.

Pour cet anniversaire, la chanteuse quimpéroise Adélaïde a mis à l’honneur Édith Piaf, et a réalisé un spectacle autour des ses chansons accompagnée par Philippe Turbin au piano au chapiteau du château.

Enfants participant au défilé costumé.

Le Festival des chanteurs de rue n’est pas qu’une grande manifestation musicale, il s’agit aussi d’une grande manifestation traditionnelle où le savoir faire du terroir et les souvenirs d’une ancienne vie encore proche sont présents : après avoir dégusté le vin chaud, les galettes et les châtaignes grillées, on peut aller faire un tour à la foire à l'ancienne, voir les animaux à la ferme d'antan, l’ancienne Peugeot 201 BR4 de 1931, la danse bretonne et les confréries régionales et belges.

Peugeot 201 BR4. Année 1931.

Image d’Édith Piaf sur un rue de Quintin.

La Foire à l’ancienne présente des animations et un grand marché d’artisans et commerçants de vieux métiers. Dans les rues, les stands des artisans nous offrent des produits exclusifs. C’est le moment de découvrir, de faire des affaires, d’acheter un bonnet ou du miel, déguster le meilleur café, échanger avec d’autres artistes de la région, acheter un soufflet ou même regarder ces merveilles que sont les orgues de barbarie fabriqués par Guy Cautin de Montcénis 71.

Guy Cautin, fabricant d'orgues de barbarie.

Depuis 1937 et trois générations au service de la musique, M Cautin nous propose une fabrication d’orgues de barbarie 100% artisanale où les amateurs et professionnels de la chanson traditionnelle trouveront toute une grande diversité d’orgues portatifs tels « Le Chanterue » ou « Le Chantepro », ainsi que l’orgue à tuyaux, l’orgue à anches, l’organette ou le coffret à musique tous des modèles déposés uniques en France (www.orgue-barbarie.com).

Défilé d'anciennes voitures.

Défilé costumé.
La ferme d'antan.

Rendez-vous à la Ferme d'Antan, là on trouvera l’âne, les petits cochons se battant pour une goutte de lait, les vaches, les oies, les paons, les canards, M le coq et ses poules…, le lavoir et les lavandières, le scieur de bûches, le rémouleur… C’est le travail de "Le p'tit fermie", une troupe théâtrale des Tréteaux de l’Étoile qui avec beaucoup d’enthousiasme est chargée de reconstituer, pendant les jours du festival, la vie de la ferme et ses animaux, le travail au lavoir et les anciens outils. Tous les acteurs de la vie rurale du pays sont là. Les enfants regardent et découvrent en même temps, autour de la Ferme pédagogique, ces animaux qu’ils peuvent caresser… On s’arrête manger un lard patate, en écoutant les chansons du P'tit fermie et d’autres chanteurs de Rue, présents pour l’occasion.

Maurice Guéguen, modalité OFF.

Autour de 20.000 visiteurs ont assisté au festival
des Chanteurs de rue en 2013.

Tous les habitants de Quintin et des communes voisines se sont mobilisés pour accueillir les plus de 20.000 visiteurs qui sont venus cette année pendant le weekend du festival. Le thème choisi pour chaque édition donne toujours lieu à de nombreuses manifestations collectives : animations, expositions, démonstrations, dégustations…

Une rencontre du monde urbain et rural autour d’un thème développé à la Ferme d’antan, dans les rues, dans les défilés costumés… Battage à l’ancienne, alambic, fendeuse de bois, grilleur de cacahuètes, cochonnerie, pressoir, oies en troupeaux…

Les Crévindious de Dinan, ils chantaient fort.

Chanteurs participants dans la modalité OFF.

Sa Majesté la Pomme a son trône Place de la République, où un pressoir en démonstration est installé avec manège de mulets pour le plus grand plaisir des visiteurs. En direct, on peut voir les différentes étapes de la fabrication du cidre. Et à la Chambre d’Agriculture, on peut visiter l’exposition consacrée à la Pomme.

L'école traditionnelle.

Le défilé costumé remémore les années 20 du XXème siècle, les vieux métiers, les voitures anciennes, la musique, les chansons, les confréries, les calèches chevaux… Tous les participants marchent dans la rue ensemble devant les visiteurs : figurants costumés, les chanteurs et les musiciens, les animations sur le thème, les délégations invités… Si vous souhaitez participer aux défilés costumés, un costume vous est prêté à la MJC de Quintin les jours avant le festival.

La bonne humeur, toujours présente au festival.

Le Festival est organisé par une association de la ville de Quintin et financé par des institutions publiques ainsi que par les recettes des animations, mais l’accès au festival reste gratuit. Un jury est formé afin d’honorer les participants les plus remarquables de chaque édition. Cette année, a été présidé par Yves Briens et Claude Morin, accompagnés par Gérard Déniaux, Dominique Babilotte, Gérard Portier, René Lorre, Adèle, Patrick Lévard et Christian Provost.

Le public participe dans la rue avec les chanteurs.

Manivel'swing, Palme d'Or 2013.

Samedi soir, 9 novembre, ont été décernés les prix pendant le dîner de Gala à la Salle des Fêtes. Le jury a décerné la Palme d'or au groupe Manivel'swing, formé par le chanteur Sylvain Lioté-Stasse, Morgane Le Cuff à la harpe et
François Boudet à la contrebasse.

"Le Duo" Palme de Bronze 2013:
Bernard Beaufrère accompagné par son
accordéoniste Daniel Tesseidou.

Alexandra Fohl et son accordéoniste ont reçu la Palme d'Argent et le Prix du Public.

La Palme de Bronze a été décernée au groupe Le Duo, formé par le chanteur Bernard Beaufrère et le célèbre accordéoniste Daniel Tesseidou. Le chanteur Brutus Divagus a reçu le Prix Coup de Cœur du Jury.

Chanteurs de rue 2013.
Modalité OFF.

Brutus Divagus, prix Coup de Coeur du Jury 2013.

Le Jury du Festival OFF s'est aussi réunit pour décerner la Palme de la Découverte. Il était composé par le président François Budet et les membres Morgane Urvoy et Martine Rannou. Cette Palme de la Découverte a été décernée à Miss Ninóg sur le podium central et a le droit de participer au festival IN 2014. Elle s’est produite à la soirée cabaret de la MJC samedi soir.

Miss Ninóg, Palme de la Découverte 2013.

De gauche à droite: Cogne Troittoir,
Monsieur Léo
et Lila Sol, Palme d'Or 2012.

Pour le 20^ème anniversaire, ont été aussi invités des anciennes Palme d’Or et d’autres artistes inoubliables des éditions passées qui ont marqué le Festival durant ses 20 ans d’existence.

Défilé des Confréries.

14 confréries ont installé leurs stands rue des Confréries; elle proviennent de la région et de la Belgique. Confrérie du Marron de Rédon (35), Confrérie du Malt de Bretagne (29), Confrérie de la Coquille St Jacques de la Baie de St-Brieuc (22), Grand Ordre de la Frigousse (35), Les Bouchôteurs de Pénestin (56), Confrérie de la fée Carabosse (44), Confrérie de l’Oignon de Roscoff, Confrérie Pipéria la Galette, Confrérie des Goustiers de l’Andouille de Guémené sur Scorff. Ainsi que 5 confréries belges, dont les Saveurs de la Lienne.

Floriane Cosson, participant au concours IN.

Pour faire un peu d’histoire, le 11 novembre est bien lié à Saint-Martin, originaire de Sabarie dans la Panonie, en Basse-Hongrie. A 16 ans, son père qui était tribun militaire, le força à entrer dans l’armée où il servit sous les drapeaux de Constantin et de Julien donnant l’exemple de toutes les vertus.

Saint-Martin, le soldat du Christ.

Étant officier de la Légion romaine en territoire gaulois, un soir d’hiver à Amiens, il osa couper en deux son manteau et donner la moitié à un mendiant à grand risque, car il ne peut pas donner ce qui appartient à l’armée romaine. La légende dit que Jésus-Christ lui apparut la nuit suivante revêtu de cette moitié d’habit, ce qui l’engagea à se faire baptiser l’an 337. Cet acte de compassion fut de Saint-Martin le plus populaire d’Europe.

Le lien est très proche entre les chanteurs et les visiteurs.

Il fut fouetté pour avoir soutenu la divinité du Christ montrant pendant le supplice la constance des premiers martyrs. Lorsqu’il quitta l’armée romaine, Martin utilise l’âne pour ses campagnes d’évangélisation, humble animal qui deviendra son compagnon de voyage et son « moyen de transport ». On peut le voir représenté sur son âne. Banni de sa patrie, il arriva à Milan pour s’installer plus tard à Poitiers vers 350 opérant plusieurs miracles.

Participation de Jeanne-marie Jandos et son époux: "Chante avec nous".

Fut ordonné prêtre quelques années plus tard et nommé évêque de Tours le 4 juillet 371.

Sa réputation s’étant répandue de plus en plus, il se sépara du monde et entre la Loire et un roc escarpé, il bâtit le monastère de Marmoutiers, Saint-Martin est mort le 8 novembre 397 à Candes. Sa dépouille sera transportée à Tours où il y reposera à partir du 11 novembre. Ce jour d’automne, on fêtera la Saint-Martin dans un esprit de partage et de convivialité.

Loïc, le speaker du festival.

Les travaux de l’automne touchaient à la fin à la fête de la Saint-Martin et on se préparait pour commencer ceux de l’hiver. Le cochon avait été élevé toute l’année afin de satisfaire les besoins alimentaires de l’hiver et des Fêtes de Noël. A cette date du mois de novembre il était assez grand pour le tuer.

L'orgue de barbarie,
instrument incontournable du festival.

Les porcs étaient des animaux omniprésents et nécessaires dans la vie des paysans. Dans les forêts, s’étendant sur un très vaste territoire, les porcs mangeaient à volonté les glands, les faînes et les châtaignes tombés des arbres. Le régime du pâturage était très avantageux pour eux, ils étaient conduits dans les bois, dans les prés et même dans les marais. Les cochons étaient destinés exclusivement à donner des produits en graisse et en viande et étaient mis à l’engrais.

L'orgue de barbarie, instrument artisanal.

De cette manière, le cochon ayant atteint le poids attendu et étant donné que le froid arrivait, il ne pourra plus se nourrir dans la forêt et sera prêt pour être abattu. Le paysan, donc, prépare le sacrifice du porc pour la Saint-Martin. L’abattage du cochon s'effectuait dans la cour de la ferme, où il était vidé et dépecé le jour même. Toutes les parties de cet utile animal sont propres à la consommation : la tête, les pieds, les intestins, le sang… Le déchet n’est réellement que de 5 à 6%. Dans le travail de conservation de la viande dans le sel et de la fabrication de la charcuterie, participait toute la famille.

Musique et danse bretonnes dans les rues de Quintin.

Une grande partie de la viande sera couverte de sel pour la conserver, permettant de nourrir la famille durant les froids jours d’hiver. Mais, cependant, certaines parties ne pouvant entre conservées dans le saloir, seront consommées plus tôt. Et un grand festin est préparé pour la Saint-Martin, un motif qui servira de décor sur les vitraux des cathédrales, des églises et des chapelles.

Nini Peau d'Chien.

La tradition veut aussi que vers le 11 novembre on mange l’oie. Une tradition liée à une légende lorsque Saint-Martin était évêque de Tours. Ne voulant pas devenir évêque, Saint-Martin se serait caché pour éviter d’être nommé. Mais les gloussements d’une oie l’auraient trahi et il y aurait été débusqué.

La danse et la joie, au même rythme.

Étant donné que la Saint-Martin met fin à la saison agricole, c’était la période des paiements des fermages ou métayages, et quelques paysans payaient en « oies Grasses ». Ceux qui recevaient l’impôt en oies, en mangeaient pendant longtemps. Les premiers Foies Gras de la saison arrivaient alors sur les marchés de gré à gré dès la Saint-Martin à la mi-novembre.