mercredi 18 juillet 2018

Villa gallo-romaine du Quiou (22).







Villa gallo-romaine du Quiou.






La villa gallo-romaine du Quiou est la plus importante de Bretagne car son architecture, ses décorations et ses thermes s’étendent du 1er siècle au XIIè, c’est-à-dire, de l’époque gallo-romaine au haut Moyen-Âge.






Pour montrer au public ce trésor historique, l’Association Pierres vives accueille les visiteurs afin de leur montrer l’ancien site situé au Quiou (Côtes d’Armor) à 15 km de Dinan, en plus d’assurer les formations pour les guides bénévoles qui conduiront les visiteurs vers « ce monde du passé. »


 
Ancienne gare, siège de l'association "Pierres vives".


C’est à partir du mois de mai que l’association reprend les activités et ouvre à nouveau le site. « Pierres vives », présidée aujourd’hui par Patrick Doire et avec environ 140 adhérents, prend en charge les animations, la diffusion du site sous la houlette du Conseil Départemental, propriétaire des lieux en partenariat avec l’Inrap assurant les recherches archéologiques. 




Plan du site d'après le panneau d'information sur le site du Quiou. ©Christophe Réqui/ INRAP.











 Vue de l'ensemble de la villa en U sur l'axe nord-sud. A l'ouest, l'entrée principale et les habitations du propriétaire et sa cour; au nord et au sud, des bâtiments fonctionnels propres à l'agriculture avec une cour ouverte vers l'est. Au nord-est, les thermes.



Les vestiges archéologiques s’étendent aujourd’hui sur une surface de 5.000 m², une vaste surface qui doit se développer davantage vers l’ouest à cause des restes qui doivent encore être mis au jour dans un avenir proche. Pendant la visite, nous pouvons voir le mobilier archéologique, la distribution des habitations différenciées par couleurs : bleu si le lieu est habité, rouge si est chauffé et blanc s’il s’agit d’un couloir. La vie quotidienne de ces habitants était le travail à la campagne, la villa produisait, stockait et échangeait des céréales et d’autres articles agricoles produits sur place.

 
Ancienne voie ferrée aujourd'hui devenue voie verte.




Afin de faire connaître cette culture gallo-romaine, ancienne de 2.000 ans, et l’état des lieux au grand public, deux animations sont organisées pendant l’année où l'on a l'occasion de voir la présentation du mobilier découvert sur place : en juin, la semaine archéologique est organisée en partenariat avec l’INRAP (Institut national des recherches archéologiques préventives) ; et en septembre, c’est le tour à la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) pour les Journées européennes du patrimoine.


 
Ancien entrepôt de la voie ferrée.


Je voudrais raconter mon expérience pour faire savoir comment le hasard tisse les choses pour nous mener quelque part. 


Étant bénévole à l’hôpital de Plémet mercredis après-midi, je suis dans une salle d’animations avec quelques collègues qui m’accompagnent, Régine et Dominique, et nous nous occupons de servir quelques boissons chaudes et froides, ainsi que quelques friandises, aux patients qui stoïquement supportent la douleur de leurs maladies. Un jour, je rencontre Jacques Pommier à l’hôpital et je lui parle d’un livre que je suis en train de préparer sur une Vénus érigée par les troupes africaines à César sur le site de Castennec au sud de Pontivy. Du coup, la conversation tourne vers la civilisation gallo-romaine en Bretagne, notamment sur le site gallo-romain du Quiou géré par l'association Pierres vives, dont il est adhérent. Du coup, ma curiosité m’amène déjà à l’interroger sur ce site si intéressant et Jacques me met à jour de toute cette histoire. Le dimanche d’après, je suis déjà sur les lieux à midi, faire connaissance du terrain et attendre les guides qui arriveront vers 14 h30.


Entrée au site par la voie verte.


En effet, je reviens de faire un tour tout seul du site et je trouve dans la gare, leur siège, quelques engagés de l’association en train de parler, dont Josette Gonod, ancienne prof de maths, qui se prête volontiers à m’expliquer l’histoire du site gallo-romain. Au moment de partir, le président Patrick Doire arrive en vélo par la voie verte. Il savait que j’étais là car à mon arrivée j’ai contacté Jacques Pommier qui lui a communiqué mon arrivée pour visiter le site archéologique.






C’est le dimanche 8 juillet 2018, il fait très beau, le ciel et la lumière sont magnifiques et il fait aussi très chaud. Il est 14h45, Josette, guide bénévole à la retraite de l'association Pierres vives, a mis un chapeau en paille et un gilet très léger pour se protéger du soleil qui lui donnent un air très printanier et juvénile. Moi, je vais tête nue, habitué comme je suis au soleil espagnol. Elle a un discours fluide et de qualité, (elle a une longue expérience comme professeure de maths) explique mieux et a des profondes connaissances sur l’ancienne civilisation romaine. Nous marchons sur la voie verte, traversons un petit pont en bois et arrivons sur un champ où quelques moutons, blancs et marron, broutent serrés les uns contre les autres sous le soleil et la chaleur presque insupportables. J’avoue que je n’ai pu rien déduire des ruines que j’ai vues dans ma première visite en solitaire; néanmoins, j’ai tout compris en lisant les panneaux distribués à cet effet. Nous arrivons à une butte d’où l’on voit la surface fouillée du bâtiment central sur l'axe nord-sud. Elle tient son dossier le bras plié appuyé contre ses côtes gauches. D’un air passionné, elle m’explique :

(J'ai reconstitué la conversation en m'aidant des documents mentionnés à la fin de cet article)





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-D’abord, les couleurs, car vous voyez, les couleurs des gravats sont différents. Le bleu indique une habitation, le rouge désigne une habitation chauffée et le blanc des couloirs.


Lorsque j’étais tout seul à faire le tour je n’ai pas été capable de déchiffrer cette petite énigme. Maintenant, je vois plus clair et je comprends la logique de la distribution des pièces. C'est clair que les guides ont vraiment un rôle important pour présenter le site aux touristes.


-Ah, oui, d’accord, j’avais pas réalisé…








-Ces ruines rasées que voici c’est la villa gallo-romaine du Quiou, la plus grande connue à ce jour dans l’Ouest de la France. Elle a été occupée pendant très longtemps, depuis le Ier siècle de notre ère jusqu’au XIème siècle. Les habitants de ce domaine, ou plutôt les propriétaires – qui  faisait plus de 400 ha – sont des urbains qui venaient de temps en temps à la campagne, ils vivaient dans un très grand luxe comme le témoignent les thermes, les décors, les jardins et les entrepôts. On y vivait comme à Rome, à Lyon ou dans les grandes campagnes latines ; c’était un lieu de puissance, de commerce, et d’échange. On peut estimer que sur le domaine vivaient environ 600 personnes


-Et qui a découvert ce lieu ? Comment tout ça est apparu ?


-Il a été découvert par hasard en 1989 lors d'une prospection aérienne. Des villas gallo-romaines comme celle-ci, il y en avait partout (comme à Langrolay-sur-Rance, à Dinan, par exemple), celle-ci est une ferme d'exploitation agricole qui se construisait d’après de modèles existants. Ici au Quiou, elle a été bâti au Ier siècle de notre ère et a une surface de 5000 m². C’était une grande villa – poursuit Josette – mais son propriétaire et sa famille n’habitaient pas ici car en fait il s’agit d’une résidence secondaire. Ils habitaient la grande ville, mais on sait pas s’ils habitaient Rennes ou Corseul. Plus grandes ou plus petites, toutes étaient distribuées de la même façon : une partie était bâtie pour traiter les produits propres à l'exploitation, c’était la « pars rustica » ; et une autre partie était formée par les habitations, appelée « pars urbana ». Mais, ici, et c’est rare, il y avait aussi un coin aménagé pour la détente et l’hygiène, ce sont les thermes, et ceux qu’on a trouvés ici sont remarquables, composés de pièces chaudes, tièdes et froides. Regardez, ils sont là-bas – dit Josette pointant de la main droite vers la droite.

 
Plan du site. Panneau d'information du site.©Annaïg Salaün.






Peut-être la base d'une statue ou le bassin d'une fontaine? Les archéologues n'ont pas trouvée d'explication à ce carré situé face à l'entrée principale ouest qui se trouve dans la cour.




Moi, voulant jouer un peu le connaisseur, je l’interromps pour lui dire :


-Pas de pièces, mais des bassins .


-Pas du tout, ce sont des pièces chaudes – et Josette ouvre son dossier, elle fait passer vite les pages et j’arrive à voir défiler à toute allure des poissons dessinés, des bâtiments, des tuiles, des colonnes, des peintures et d’autres objets quotidiens surprenants… Du coup, elle s’arrête et me montre les dessins des hautes pièces des thermes, où il y a quelques personnages, reconstituées par les archéologues, peintes en belles couleurs bleues. Elle me montre aussi, dans ce dossier volumineux et apparemment très complet, quelques dessins correspondant aux frises. 




Reconstitution des thermes. Panneau d'information du site.©Annaïg Salaün.




-Et voici… – continue Josette - là, ce sont quelques restes de la décoration détaillée et minutieuse qu’on a trouvés dans les pièces, formée à base de lignes colorées… 


Et je regarde et vois les dessins des murs où il y a des rectangles décoratifs et des frises à motifs, semble-t-il, de végétaux. 



Vue des thermes protégées pendant l'arrêt des fouilles. 


 En rouge, pièce chauffante.




Pièces trouvées et reconstitution des thermes. Panneau d'information du site.©Annaïg Salaün.

La piscine de 26 m² était décorée des lignes colorées et des rectangles.




-Ici, dans cette villa – poursuit Josette – arrivaient beaucoup de gens, soit des commerçants, soit des voyageurs, et bien sûr les amis de la famille qui pouvaient en même temps admirer les salles résidentielles ; le propriétaire ou les propriétaires, car il y en a eu beaucoup tout au long de son existence, étaient soucieux de la décoration et aimaient embellir les murs de vraies peintures à le style pompéien, aux précieux pigments, et de marbre des Pyrénées. Tout ça, et beaucoup d’autres choses, bien sûr, a été déterré par les fouilles qui ont lieu  tous les ans durant l'été depuis 1989.


Moi, je m’intéresse aux terres qui nous entourent et qui cachaient la villa. 


-C’était quoi ce terrain avant ?


-Un verger… Un verger sur un champ qui a été repéré d’en haut, grâce à une photographie aérienne. Je ne sais pas pourquoi ils voulaient prendre des photos aériennes mais en 1989 il y a eu une importante sécheresse qui a dévoilé beaucoup de choses, dont le site, visible d’en haut. Le plan d’une maison était visible à cause du terrain qui était sec, sans à peine végétation. Là, toute a commencé. Puis, le conseil général des Côtes d’Armor a acheté le verger où se trouve la villa et on a fouillé.


-Et toute était un peu éparpillé partout, je veux dire, les bâtiments – je croyais avoir bien déduit.



Aile nord-est. Vue des thermes. En rouge, les pièces chaudes, en bleu les pièces froides. Aujourd'hui, l'ensemble est protégé pendant l'arrêt des fouilles.


-Non, pas du tout mais c’était un bâtiment en bloc, c’était un grand bâtiment construit comme un ensemble où tout était relié : thermes, habitat et entrepôts agricoles se côtoient sur la même surface, le tout comme une même pièce. Après avoir César conquis tout le territoire gaulois en 51 avant notre ère, la romanisation démarre et de grandes fermes s’installent sur le territoire gaulois imitant le modèle romain. Ici, un propriétaire gaulois s’était romanisé tout de suite et a suivi la manière romaine de construction. Comme il ne l’était pas complètement, on voit, par exemple, que les colonnes ne sont d’une seule pièce, mais formées par des briques quart-de-rond ; le calcaire utilisé, le faluns du Quiou, pour faire les murs est assez fragile et on l’a décoré des joints tracés à l’aide d’un fil de fer pour apparenter une pierre taillée. Il voulait rester Romain tout en suivant la mode vite fait.





Vue de l'ensemble thermal côté ouest. Le grand rectangle bleu est la piscine. On peut voir un trou, c'était les égouts qui déversaient vers l'ouest dans le ruisseau.  




-Et comment ils ont pu dater la villa ? 


-A 5 km d’ici, dans les communes de Plouasne et de Tréfumel, on a trouvé d’autres villae du même style ce qui veut dire que les romains, une fois arrivés ici, se sont installés tout de suite dans des établissements ruraux de ce type romain, ce que veut dire que ce sont les plus anciennes villae en Armorique. Évidemment, les premières occupations sont très atypiques et précoces ; ils exploitaient ce calcaire plus fragile appelé faluns, très abondant par ici, et  ils fabriquaient de la chaux avec ; ce sont des matériaux indispensables à la construction des édifices romains qui commençaient déjà à s’élever dans la région. Ce bâtiment date de l’époque d’Auguste, au début du premier siècle. Comme on a pu le constater grâce au faluns, le bassin du Quiou était très important car Corseul et le sanctuaire de Fanum Martis venaient chercher le calcaire des carrières du Quiou.





Roche des faluns utilisée pour la construction des murs au site du Quiou, formée à la base d'un agglomérat de coquillages. Cette roche n'est pas trop consistante.






-Et qui habitait la villa du Quiou ? 


-Pendant l’année, il n’y avait que les esclaves et les domestiques pour travailler les terres et s’occuper des animaux. La famille propriétaire recevait d’eux le produit de l’exploitation agricole alentour, mais les esclaves et les domestiques, n’habitaient pas le bâtiment principal. 


-Ah bon ?


-Non, il faut s’imaginer autre chose car ils n’avaient pas le droit, ils habitaient dans des cabanes sur un terrain du côté est, où se trouvaient les champs. Quelques uns, s’ils restaient dans les bâtiments, pouvaient dormir avec les animaux, mais c’est tout.

Je pointe du doigt en face, sur un grand espace entouré de fossés. Je ne veux pas jouer l’archéologue ou l’historien improvisé mais on veut toujours démontrer, par vanité, que l’on a des connaissances, qu'on a lu un peu… Josette m’expliquera plus tard qu’elle connaît ce genre de visiteurs, ceux qui veulent mettre dans l’embarras les guides, et lorsqu’elle repère un tel visiteur, sans mauvaise foi, l’invite à tout dire librement afin de se mettre à jour elle-même.  




 Autour de la grande cour se trouve le bâtiment principal. Panneau d'information du site.©Annaïg Salaün.





On voit bien là une grande cour au milieu, entourée par des bâtiments de manière symétrique. 


Tout à fait. Autour de la grande cour se trouve le bâtiment principal, sous une plate-forme qui a été préalablement nivelée et terrassée. Il a 40 m de large sur 56 m de long et la cour est encadrée par trois ailes de 600 m² divisés en deux. L’accès à la cour se fait du côté est, où se trouvent les bâtiments agricoles et l’entrepôt avec deux galeries de façade afin de pouvoir accéder aux galeries des ailes nord et sud. La partie résidentielle, organisé autour d’une grande pièce d’apparat, se trouve à l’ouest au fond de la seconde cour justement où se trouvait l’entrée principale. Tout ce côté vers l’ouest, au-delà du ruisseau et des arbres, est à dégager et à fouiller. Ce ruisseau se trouvait auparavant plus loin car il a été déplacé pour faciliter le tracé de la voie ferrée et les enfants, lorsqu’ils jouaient pendant les années soixante dans le ruisseau, trouvaient de petites pièces témoignant d’un ancien site gallo-romain, mais qui allait penser qu’il y aurait ce trésor archéologique ici sous ce verger car tout était sous terre. 


Derrière nous, où habitaient à l'époque les domestiques et les esclaves de la villa, se trouve un grand champ de maïs et, plus loin, l'église du Quiou.

On descend de la butte et on avance jusqu’à un monticule pour observer les thermes.







 Vue de l'ensemble thermal. Le terrain vide à gauche était la salle de sport. Les galeries d'accès entouraient l'ensemble.







Eglise du Quiou. 






-Et les thermes – pointant du doigt vers le nord est – c’est normal d’avoir des thermes dans une villa en pleine campagne, dans une exploitation agricole ?  


-Étant donné que c’’était une famille aisée, elle ne venait que pour ramasser les bénéfices de la récolte, mais aussi pour se reposer et profiter de la paix de la nature. La campagne nous fait du bien à tous et les Romains le savaient aussi, les grandes villes, à cette époque, étaient des agglomérations très bruyantes et, en plus, malodorantes. Ici, il y avait de l’eau et ils pouvaient se baigner chez eux, ils pouvaient se payer ça car ils étaient riches, évidemment. Lorsqu’on voit le bâtiment consacré aux bains on peut se donner une idée de l’importance des lieux et du propriétaire. Les Romains aimaient beaucoup les thermes à tel point qu’il y en avait dans toutes les villes, peut-être comme un signe de pouvoir et de grandeur comme c’est aussi le cas pour les aqueducs et les gigantesques bâtiments qu’ils construisaient. Vous voyez ici – on est déjà arrivés sur une autre butte et nous avons les thermes en face – les thermes du Quiou s’étendent sur une superficie de 280 m², c’est-à-dire, une longueur de 15 m sur l’axe est/ouest et 18,5 m nord/sud et les galeries de l’entrée est se prolongent jusqu’aux côtés sud et est des thermes.








Afin d'utiliser un maximum la chaleur dégagée par de l'air chaud, un système de bobines a été installé. Les bobines créaient un espace à l'intérieur des murs en faisant circuler l'air chaud du sous-sol le long des parois.







Briques de quart-rond utilisés sur le site pour ériger les colonnes.








Panneau d'information d'après le site du Quiou.©Françoise Labaune/Annaïg Salaün/INRAP/Architecte dpig.







Et…, qu’est-ce qu’y avait exactement comme bâtiments dans ces thermes ? Un four, une sauna, des bassins, bien sûr, froids et chauds, peut-être ?


Sur le côté sud, il y avait les galeries et un local pour faire du sport, comme une sorte de gymnase. On a trouvé un strigile, une sorte de lame qu’ils utilisaient pour enlever les impuretés de la peau. Il y avait un accueil, le vestibule, un vestiaire… Ils n’avaient pas besoin de maillot de bain, ils se baignaient tous nus… Pour chauffer les salles, ils utilisaient un système emprunté des grecques appelé l’hypocauste sur pilettes. Ce système permettait faire à l’air chaud un parcours sous le sol et à l’intérieur des murs afin de chauffer les habitations qu’il traversait. Il y avait une piscine ou natatio de 24 m². Les archéologues ont remarqué que les termes ont connu cinq remaniements principaux, tout en modifiant le plan : ils avaient déplacé les bassins et les systèmes d’évacuation, avaient ajouté et abandonné d’autres salles, et avaient réalisé des réaménagements dans les chaufferies, les enduits et les décors. Pendant le premier siècle, on a remarqué qu’il y a eu une période de croissance architecturale ; ensuite, les surfaces bâties diminuent progressivement et les thermes sont abandonnés vers la seconde moitié du IIème siècle. Les experts on remarqué que la qualité de l’ensemble architectural ne permet pas dater les phases initiales de construction, cependant l’édifice thermal  qui se trouve dans le prolongement de l’aile nord permet de dater l’ensemble vers le premier quart du Ier  siècle de notre ère. 







 Petite piscine.





-J'aimerais bien savoir comment ils faisaient pour se baigner... 

-D'abord, on va à l'apodyterium pour se déshabiller et ensuite on commence avec de l'eau froide dans le bassin appelé « pédiluve », puis un bain chaud dans le caldarium

-Et pourquoi se baigner dans l'eau froide et ensuite dans l'eau chaude? C'était un rituel?

-C'était plutôt par souci de santé car ce parcours dans les salles et bassins à température variable était une question hygiénique et, en même temps, de santé; le changement de température facilitait l’évacuation des toxines du corps lorsqu'on se baignait dans le bassin chaud et l'eau froide améliorait la circulation sanguine. Comme on peut voir, les thermes n'étaient un caprice des riches, mais une question de santé et hygiénique. Lorsque le pater familias ou dominus venait avec ses amis, c'était l'endroit idéal pour parler de politique, des affaires ou de la vie quotidienne. 


-Avoir une bonne santé a était toujours très important et j'imagine que beaucoup plus à cette époque lorsque la médecine était très primitive et je dis ça entre guillemets, bien sûr. 

-Tout à fait, tomber malade à cette époque était un handicap presque à vie si on ne mourrait pas plus tôt!

-Autrement, on voit bien que cet ensemble agricole a été modifié au fur et à mesure des siècles en partant d’abord d’un bâtiment, peut-être plus petit, n’est-ce pas ?  






Bâtiment ajouté à l'aile sud. En rouge, salle chauffante.







 Pilettes de la salle chauffée du fermier.





-Voilà, c’est ça. Le bâtiment initial a été agrandi plus tard au début du IIème siècle. A ce moment, un troisième bâtiment a été ajouté contre l’aile sud du bâtiment principal, organisé autour d’un espace central allongé de 12,6 m sur 4 et bordée de deux couloirs-galeries de 2,4 m de large desservant chacun deux pièces de 6x4 m chacune. Une d’elles était chauffée, (remarquez bien la couleur rouge des cailloux), par un hypocauste à pilettes, chose très rare sauf si c’était l’habitation du responsable des lieux, le seul à avoir le droit à une chambre chauffée. D’après son dessin, on a développé la possibilité qu’il s’agisse en même temps d’un magasin et d’un logement du fermier. 




Plan des thermes d'après les panneaux d'information sur le site.©Christophe Réqui/INRAP.






Vue du côté nord. On peut voir du côté est une chaufferie en X, un système moins performant que l'hypocauste.






-Et sur le côté nord, les archéologues ont trouvé quelque chose ? Ils ont trouvé les latrines ?


-Au nord des thermes, les archéologues ont trouvé des constructions sur sablières et poteaux, ainsi qu’un puits ; en effet, ils ont trouvé les latrines à l’ouest de la piscine, - Josette signale deux sortes de trous en bas de la piscine à l’ouest – et les résidus des latrines allaient ver l’ouest, vers le ruisseau ; les eaux usées de deux bâtiments se présentaient sous la forme de fossés successifs. Ces espaces fonctionnels, comme on peut l’imaginer, étaient très attachés au fonctionnement des thermes et de la villa et se trouvaient isolés. 


-Et de quelle époque datent les aménagements ? Ça na pas été tout de suite…


-Non, pas tout de suite, mais un peu plus tard. Au IIIème siècle, des aménagements concernant le chauffage ont eu lieu sur l’aile nord du bâtiment principal et au sud du bâtiment III s’installe une sorte de chemin bordé de deux fossés ; à cette même période, l’ancien bâtiment thermal est réaménagé à l’aide d’une structure porteuse boisée au niveau des anciennes pièces chauffées. Les niveaux de circulation de cette période ont été totalement arasés par les labours, ce qui rend l’appréciation de l’activité humaine difficilement estimable.





Tas de tuiles trouvées sur le chantier.







La tegula est une tuile plate à rebords avec des encoches afin de permettre la superposition de deux tuiles et former la toiture. La tuile canal c'est l'imbex, servant de couvre-joint entre les rebords jointifs de deux tuiles.





Panneau d'information du site gallo-romain du Quiou. ©Annaïg Salaün/Architecte dpig.



-Et on est arrivé à savoir quel est le bâtiment plus ancien du site? Ils ont commencé par un entrepôt et ensuite tout est parti?


-On les a trouvés mais on ne sait pas qu'est-ce que c'est. Sur le bâtiment principal de la villa, se trouvent des fosses de constructions qui datent du Ier siècle de notre ère, justement les plus anciennes du site.  On fait tout ce qu'on peut pour savoir à quoi elles étaient destinées et, surtout, savoir le développement des zones de circulation au fil des siècles devenant plus tard de nouveaux couloirs et de nouvelles pièces. 


-Et il n'y a aucune trace qui nous aiderait à savoir à quoi servaient ces endroits ? – demande-je à Josette.


-Ça, on le voudrait vraiment savoir! Tout ce qu’on sait c’est que plus à l’ouest il y a tout un grand chantier encore à fouiller et à déboiser, enfoui sous le sol. Tout cet ensemble forme parti d’un autre plus grand, un grand chantier qui a besoin de temps pour organiser sa mise au jour. Ca peut être le chantier archéologique le plus important de toute la Bretagne gallo-romaine.





Assises de réglages en briques. Pour la construction des murs, ils alliaient pierres de faluns et des briques afin de niveler le mur.



-Et autrement, les travaux archéologiques se poursuivent-ils pendant l'été?  Les fouilles continuent?




-On a creusé ici en continue depuis une quinzaine d’années et les archéologues organisent sur le site archéologique de la villa gallo-romaine des activités à partir du mois d’août. Jean-Charles Arramond et Christophe Réqui de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) ont formé une d'une douzaine de passionnés de l’archéologie et ce sont eux qui creusent à coup d'une pelleteuse et d’autres outils manuels tels des pelles à poussière, grattoirs et petits balais. C'est comme ça qu'ils approfondissent dans leurs recherches sur le site. Cependant, cette année 2018 les fouilles sont arrêtés pour l'instant.




Tubulus en terre cuite servant à conduire l'air chaud à l'intérieur les murs des thermes.

La visite se termine ici deux heures plus tard. Moi, le seul visiteur aujourd'hui qui n'a pas osé aller à la plage et qui a eu le privilège d'avoir tout le savoir et la sympathie du guide à ma disposition. Merci beaucoup, Josette. Et à bientôt! 


Merci beaucoup à l'Association Pierres vives, à son président Patrick Doire et à ses membres Josette Gonod et Jacques Pommier.


Je vous souhaite les meilleurs succès!!






Si vous souhaitez visiter le site archéologique de la Villa gallo-romaine du Quiou:





Ouvert toute l'année. 
Visites commentées: chaque dimanche, de mai à fin septembre, avec des départs à 14h30, 15h30, 16h30, pour un prix d’entrée de 2€ (gratuit pour les enfants). 
Sur rendez-vous toute l'année.
Gratuit en visite libre.



Pour les groupes constitués, les visites se font sur réservations, au 0296836022 ou par mail (pierresvives22@gmail.com), pour un forfait de 40€ pour 20 personnes. Vous pouvez consulter les dernières informations sur 


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Source : 

L'Archéologue N° 106

Le blog de Lutèce :
Ouest-France : 01 avril 2017
Actu.fr : le Petit Bleu : 20 août 2015
La mystérieuse villa gallo-romaine du Quiou.
https://actu.fr/bretagne/dinan_22050/la-mysterieuse-villa-gallo-romaine-du-quiou_6062920.html

Contacts :
Siège de l’association « Pierre vives » ancienne gare du Quiou.

mèl: pierresvives22@gmail.com | 02 96 83 60 22









Images prises au site gallo-romain du Quiou 22630


le 8 juillet 2018
 



©José María Gil Puchol Productions 




Photographe



22600 Loudéac



France



https://gilpuchol.wixsite.com/pucholphotographie


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"Paul McCartney à Montevideo 2014"


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"L'Abbaye de Beauport"

Une abbaye maritime bretonne.

Paru le 11 janvier 2016


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