mercredi 7 mars 2012

Le Mont Croquelien, berceau des fées Margot. Le Gouray (22).




Commune de Le Gouray, en Centre Bretagne, 
pays des fées Margot.

 A Le Gouray, en Centre Bretagne dans les Côtes d'Armor, il y a d'énormes pierres en granit gisant sur le Mont Croquelien. Originaires de l'ère primaire, entre -600 et -200 millions d'années, le sol granitique d'aujourd'hui était à cette époque-là à une altitude de 8.000 mètres. Au cours de millions d'années, cette masse granitique s'est affaissée et désagrégée. Les forces des agents météorologiques tels le vent, la pluie, les orages et la foudre ont frappé le granite et provoqué des effets mécaniques créant des fissures qui les ont peu à peu disloquées. Le résultat final c'est des rochers formant des chaos aux formes singulières propres à créer une légende. On dit qu'aux chaos de Croquelien habitent les fées Margot. Pourquoi les fées Margot ? Dans ces terres, Margot désignerait les fées habitant cette région.






Sentier dans le bois du Mont Croquelin, 
où habitent les fées Margot.


Il y a deux sortes de fées. Les fées des contes sont de demi-déesses; elles jouissaient d'un pouvoir surnaturel par droit de naissance ; les fées des vieux romans de chevalerie ont acquis leur pouvoir à un moindre degré, par l'étude des livres de magie. C'est à cette seconde classe qu'appartiennent entre autres les fées Viviane, Morgane, Margot fées célèbres dans la fabuleuse histoire des chevaliers de la Table-Ronde. Morgane, sœur du roi Artus, fondateur de cet ordre, est en outre représentée comme une fée malfaisante qui harcela surtout la trop tendre Genièvre, épouse de ce prince. Viviane, jalouse protectrice du courageux Lancelot du Lac, a été mieux traitée par les anciens romanciers.

La Bretagne est un pays de fées. Leur demeure se trouve sous les rochers et dans la forêt. La vallée des fées se trouve à Concoret, sur le bord nord de la forêt de Brocéliande à Paimpont, sur les limites du Morbihan et de l'Ille-et-Vilaine. Concoret est un nom d'origine breton, kon-jored, qui veut dire la vallée des fées.




Rocher granitique du Mont Croquelien.


Le royaume des fées Margot est situé dans le plus profond de la terre. Quelques fois, on aurait accès à son chemin à Croquelien, un jour de pleine lune à minuit, au moment de douze coups. Un grand chemin s'ouvrirait vers l'intérieur de la terre. Il faut faire attention car les fées Margot n'aiment pas les humains trop curieux. Cependant, leurs habitations extérieures qu'elles conservent sur le Mont Croquelien nous permettent de satisfaire notre curiosité et d'apprendre un peu plus sur leurs habitudes.





Baignoire des fées Margot.


Là, lorsqu'il fait beau, elles aiment se baigner sur une baignoire en granite, pas à la portée de tout le monde, qu'obéissant à leurs ordres, les énergies magiques du vent et de l'eau ont taillé sur la roche au fur et à mesure. Ce n'est pas étonnant, les fées Margot sont des êtres malins;  en plein bain, ce lieu sur le Mont Croquelien jouit d'une magnifique vue sur la Baie de Saint-Brieuc, loin de 30 km.




Le portefeuille des fées Margot. Trois gros rochers
 protègent leur fortune des hommes et des femmes avares.


Les fées Margot ne mangent pas de la vache enragée, au contraire, elles sont riches et brassent l'or. Une circonstance qu'elles sont loin de cacher, car ce qu'elles cherchent surtout c'est de faire tomber les humains dans le piège de l'avarice. Leur immense fortune est enterré sous le granit et encadrée par trois gros rochers appelés le Portefeuille de Margot. Ces monstres granitiques bien que figés, sont bien vivants et protègent la fabuleuse fortune des Margot de la convoitise des hommes et des femmes. Comme il arrive aussi sous les menhirs, un grand chaudron d'or est enterré sous le plus gros bloc de granite. Ce n'est pas difficile de deviner lequel. Dans la solitude du lieu, car il n'y a pas de police ni de gendarmes pour surveiller cette fortune, les visiteurs sont très tentés de creuser à crever pour atteindre le précieux trésor. Mais pensez-vous ! On ne peut pas prendre les fées Margot par des petites fées ingénues car elles veillent au grain tout le temps. Cela peut nous coûter chère car leur punition ne consiste pas à écrire cent fois « Ne creuserai plus jamais sous le portefeuille des fées Margot ! » Les larrons seront statufiés en roc pareil que les trois autres veilleurs afin de protéger éternellement ce détestable trésor !



Le fauteuil des  fées Margot.


Un jour, une voisine d'un grand courage qui habitait le pays, se trouvant au bout du rouleau, ne put plus donner à manger ses douze enfants. L'audace s'en empara d'elle et se dirigea vers le mont Croquelien pour implorer ces fées malines Margot. Sur ce lieu légendaire, elle fut reçue par une resplendissante fée assise sans aucun souci sur un rocher. Depuis ce jour, le bruit populaire ne cesse de dire que la redoutable déesse Margot aime se reposer sur ce fauteuil de pierre.




Coin du Mont Croquelin, pays de fées Margot.


L'Armorique est par excellence le territoire où les écrivains ont consacré le plus de récits aux protagonistes mythologiques de cette période  gauloise fantastique. Sa situation privilégiée au bout du monde a maintenu vivante cette histoire mythique ainsi que la plus vaste variété de ses protagonistes.






Grosse dalle en granit
 envahie par la mousse et les lichens.


Parmi eux, les fées restent des personnages séduisants. Elles sont ambiguës, belles, lumineuses, puissantes, magiques, vaporeuses... Il y a une classe de fées très répandue nommée les fées blanches ; leurs légendes étaient très connues des Allemands et en Bretagne. Les habillements blancs sont signe distinctif de pureté, de bénignité, des dispositions favorables, d'heureux présage. Une dame blanche, appelée Iona, nymphe de la mer, rendit le courage et la vie au héros de l'Odyssée, Ulysse. Dans ce récit, une terrible tempête sur les côtes d'Ionie fut essuyée par Ulysse. Son esprit fut frappé par l'apparition de cette dame blanche qui ne se laissa voir que dans la pénombre d'une caverne. « Des spectres, qu'on appelle femmes blanches, viennent souvent rendre service aux hommes pour qui elles ont plus d'affection », disait Schot. Ces spectres apparaissaient en femmes toutes blanches, soit dans les bois, soit dans les prairies où elles aimaient danser en rond au clair de lune. Ces femmes blanches sont appelées aussi sybilles et fées ; elles ont comme reine Haband.





Paysage sur le Mont Croquelien.
Au fond, Le Gouray.



L'historien romain Strabo a connu ces dames blanches appelées druidesses, des femmes en chair et en os réputées par leur connaissances à cette époque. Il nous en parle dans le Livre VII de sa Géographie. C'était  : « Des vieilles femmes aux pieds nus, aux cheveux blancs, aux vêtements blancs, retenus par une ceinture garnie d'airain, accompagnaient, chez les Kimris, toutes les expéditions militaires, et dressaient au milieu du camp leur appareil de sorcellerie ».

La blancheur de leurs vêtements révélait une mission divine et sacrée. D'après Pline, lors des cérémonies, les druides utilisaient une saie et une tunique blanches. Sulpice-Sévère, dans la vie de Saint Martin, nous rapporte que les Galles, au IVè siècle, promenaient les images des démons couvertes d'un voile de lin. Les pythonisses des Kimris s'habillaient en blanc, à l'opposé des femmes de leur pays, habillées en noir. Les prêtres des Goths, frères des Kimris, s'habillaient en blanc, ainsi que les mages de Perse.






La fontaine de Baranton dans la forêt de Brocéliande.
Elle a le pouvoir de déclencher la tempête
 si on déverse de l'eau sur le perron.


Les fées sont partout en Bretagne. L'allée couverte de Plerneuf dans le champ de Kernaut s'appelle « roche aux fées ». A Saint-Gilles-Pligeaux, près du village de Kertanguy, on voit une caverne qui, d'après les légendes locales, aurait été habitée par une sybille. A Plemeur-Bodu, se trouve le château de Kerduel que la légende place le séjour du roi Arthur et de sa cour splendide ; elle indique aussi l'île Agathon comme recelant le tombeau de ce héros d'époques fabuleuses.  On trouve la fontaine de Baranton, site légendaire en forêt de Brocéliande demeure des fées, aussi appelée Berenton ou Bellenton, dans les vieilles chartes. Dans la charte de 1467, conservée aux archives de Paimpont, on peut trouver plusieurs articles intéressants concernant la fontaine de Baranton et les propriétés de son perron : il a le pouvoir de déclencher la tempête si on déverse de l'eau dessus.





Château de Trécesson à Campénéac, 
forêt de Brocéliande.


La fée Mélusine habitait le célèbre château de Sucinio dans le Morbihan, le même château où naquit le connétable Arthur de Richemont. A Locmariaquer, dans le Morbihan, les gens du pays disaient auparavant que les menhirs étaient les maisons des korrigans, des courils, petits hommes lascifs qui, le soir, barrent le chemin nous obligeant à danser avec eux jusqu'à ce que nos mourions épuisés. Ce sont les fées qui, descendant des montagnes en filant, ont apporté ces rocs dans leur tablier.











Menhir à Saint-Vran,
au pays du Mené dans les Côtes d'Armor.



Guy de Beauport, dans son poème « Idéal et nature », rapporte les légendes concernant les richesses enfouies sous les menhirs :

Au rivage ( du Morbihan) abrité par d'agrestes coteaux,
De modernes villas et d'antiques châteaux,
Des ruines disant César et sa victoire,
Des dolmens, des menhirs muets sur leur histoire,
De noirs bois de sapins agités par le vent,
Des clochers de village et les tours du couvent
Où du triste Abélard gémit l'âme étouffée,
Soucinio qu'habita, conte-t-on, une fée,
Et des landes sans fin aux fleurs de pourpre et d'or
Son du bleu Mor-Bihan le splendide décor.



Alignement de menhirs à Kerlescan.
Carnac, dans le Morbihan.


Et que le bon chrétien pourra, sans anathème,
Et sans être infidèle à la foi du baptême,
S'emparer des trésors cachés sous les peulvans
Qui s'en vont à la mer boire tous les cent ans.
Or c'est cette nuit même, à la solennelle heure
Où le prêtre officie à la sainte demeure,
Qu'à l'Océan les rocs iront se rafraîchir.
Cependant, Azénor, sur la lande, un menhir
(Qui n'est pas éloigné de votre métairie)
Laissera découvert un puits de pierreries ;
Mais pour puiser dedans il faut que l'on soit deux,
Et les seuls informés du secret merveilleux ;





Ensemble granitique du Mont Croquelien.
Le Gouray, pays du Mené.




    Mère Dahut, je dis, ne perdez pas l'espoir,
    Car la chasse aux trésors n'est pas un attrapoir :
    A preuve qu'il existe un puits de pierreries
    Caché sous un menhir près de ma métairie,
    Oh ! Je n'en parle pas en l'air, mais savamment ;
    Si de le découvrir j'ai la chance, commentaires Faudra-t-il faire alors pour y puiser sans crainte




La Bretagne est traversée d'est à ouest
par une chaîne granitique. Le granit
forme partie de sa culture naturelle et architecturale.


    Et mener l’œuvre à bien ? Parlez vite et sans feinte.
    La vieille, d'une voix au parler solennel :
    De la trêve de Dieu, la nuit de la Noël,
    il faudra profiter d'abord, c'est chose dite,
    Et que ce soit le jour où la roche maudite
    S'en va tous les cent ans boire à l'Océan vert
    En laissant du trésor le puits à
     découvert.





Seule la loi de la Nature est autorisée à donner
une forme à ces grandes pierres.

Mais la pierre revient si vite en place
Que l'on est écrasé par elle, quoi qu'on fasse,
Si pour se préserver on n'a pas l'herbe d'or
Que l'on cueille en chemise au point de l'aube. Encor
Faut-il, pour s'assurer les trésors de la pierre,
Pour qu'ils ne tombent pas dans vos mains en poussière
Au premier chant du coq qui devance le jour,
Que l'on se livre à Satan un chrétien en retour.

-Jésus, mon Dieu ! Je dis, frissonnant comme un tremble,
A la chasse au trésor est-ce pour ça qu'ensemble
Sur la lande à minuit il faut que l'on soit deux ?




Le Mont Croquelien: une belle balade à ajouter
si vous visitez aussi l'abbaye de Boquen,
 la chapelle Saint-Roc'h, les menhirs à Saint-Vran,
la voie romaine à Laurenan...



-Hélas !, oui, fit Dahut : par un pacte hideux,
L'un à cette heure doit, comme l'indigne apôtre,
Pour paiement du trésor, livrer le sang de l'autre ;
Qui, n'ayant point en main le talisman voulu,
Partage du démon, para la pierre est moulu.



On voit bien que le prix à payer pour un trésor sous un menhir ou un rocher est bien cher!




Le Jardin aux Moines, en Brocéliande, 
des êtres pétrifiés à cause de leur infidélité 
aux vœux religieux.




 Pour se divertir, les fées choisissent la lumière de la pleine lune ; elles dansent en cercle formant des chœurs et des rondes, autour des ces monuments mégalithiques de leur ancien culte, d'un vieux hêtre dans les clairières des bois, dans les près, dans les pâturages. Le lendemain, on peut voir la trace de leurs pieds dans le champ.

La danse des Elfes se pratiquait dans les pays septentrionaux. Les protagonistes étaient des esprits et des fantômes dansant et sautant, principalement la nuit au son d'un grand orchestre. Dans son histoire du Dannemark, Saxon-le-Grammarien fait mention de ces rituels fantastiques. D'après Collin de Plancy, dans son Dictionnaire Infernal, les génies grands ou petits de la Basse-Bretagne participent aux danses nocturnes autour des pierres druidiques appelées chior-gaure en breton. 




Le tombeau de Merlin, en Brocéliande.



Suivant d'autres idées bretonnes, les gores, les gouricks, les gorikets seraient les ministres du culte celtique, qui ont fait ériger ces menhirs et ces dolmens, dont les origines se perdent dans la création du monde et dont la destination précise n'est plus connu. Les prêtres, les magiciens gaulois, les druidesses étant devenus des êtres surnaturels et placés sur l'autel des divinités, il n'est pas étonnant qu'ils soient devenus des géants, des nains, des fées ou des génies par la mythologie populaire. En Bretagne, les Gouriks, ont pour capitale Carnak ; il s'agit de petits hommes noirs, laids, capricieux, qui se plaisent à tourmenter les chrétiens infidèles à remplir leurs devoirs.
 


Arbre du Mont Croquelin.

Ce Mont Croquelien nous rappelle l'histoire de la Pie Margot et sa légende. J'ai consulté l'oeuvre Le souterrain de la Hunaudaye à Notre-Dame de Lamballe et la Légende de la Fée Margot. In Lamare, "Histoire de Saint-Brieuc", Société d'Emulation des Côtes-du-Nord. Saint-Brieuc 1881.


M Lamare, raconte ce qui advint à la Fée Margot au tertre du Caliguet, d'où les fées tiraient leurs matériaux pour construire la tour de l'église Notre-Dame à Lamballe.

 Il était une fois une fée nommée Margot connue par sa très mauvaise réputation. Elle travaillait à l'église Notre-Dame de Lamballe pour finir sa tour qu'elle bâtissait elle-même. Cette fée était richissime et pour cacher ses trésors plus ou moins bien acquis dans sa chambre, elle traversait une galerie souterraine de cette église creusée par les fées. 
Les galeries du chœur conduisaient dans la chambre à Margot, comble du côté nord de cette église, situées au-dessus de la porte du souterrain. Au XIX siècle on pouvait voir encore, sa quenouille pétrifiée dans un coin de la chambre. Tous les trésors de Margot étaient dans ce souterrain : il y avait des monceaux de pièces de six francs.

Cette fée entreprenait des chantiers partout et avait besoin d'argent tout le temps, n'arrivant pas à  économiser pour l'avenir. Un jour, entre Lamballe et Moncontour, la fée Margot  ramassant des pierres pour son chantier sur le tertre du Caliguet, aperçut à ses pieds, sous les rayons de la lune, vers minuit, un objet aux reflets blanc et noir. Elle laissa tomber les pierres qu'elle avait chargées dans son tablier car la vision de cet objet l'effraya et le ramassa soigneusement tout en oubliant ses pierres. Elle le prit et se dirigea vers Cesson où ses sœurs travaillaient là dans un autre chantier: elles pourraient lui éclaircir à propos de cet étrange objet. 



  


Amas de blocs granitiques au Mont Croquelien.


 
 
 
 
  Comme elles ignoraient qu'est-ce que c'était, elles demandèrent de l'aide à une fée-ingénieur, bien entendu plus savante que les autres fées ouvrières, qui dit que les reflets de cet objet blanc et noir correspondaient bien au cadavre d'une pie. 
 
 
 
Elles engagèrent une discussion sur la vie et la mort. « Cessons ! Cessons ! », auraient dit les fées en songeant à l'éternité mortelle à laquelle le cadavre de la pie Margot les aurait rappeléesCette nuit-là, les fées apprirent qu'elles devaient mourir, tout comme la pie.
 

Une histoire à ne pas oublier c'est celle de Margueritte Clisson, qui devint la pie/fée Margot grâce à un côté ténébreux de sa personnalité, qu'elle développa pendant sa première vie, et un côté lumineux exprimé  pendant les dernières années de sa vie. Elle avait longtemps habité, en dame et maîtresse, le château de Moncontour et avait épousé, en 1337, Jean de Penthièvre, fils de Charles de Blois, dont Notre-Dame était la chapelle comtale dans un premier temps. A juste titre et en qualité de fée, la légende de Margot la fit ramasser le cadavre de l'oiseau blanc et noir sur le tertre où elle cherchait des pierres pour la tour qu'elle construisait, symbole de la voie aux cieux. L'église de Notre-Dame dont la tour était l'oeuvre des fées, était au début, vers l'an 1000, une petite chapelle, mais cette tour n'a jamais été terminée.


Bois du Mont Croquelien.


Depuis, la fée Margot est restée le nom vulgaire de cet oiseau voleur, une bête noir et blanc, devenue le symbole du crime et de l'innocence. A la mort du duc de Bretagne, Margueritte Clisson avait demandé à son père le Connétable de tuer les enfants de ce prince afin de faire bénéficier les siens de l'héritage de la province :  « Ah !, cruelle, fit le Connétable, si tu vis longuement, tu seras cause de détruire tes enfants d'honneur et tes biens ». "Il l'eût tué, ajoute Dom Morice dans son  Histoire civile et ecclésiastique de Bretagne. Tome 1, p 128, si Margot ne se fût sauvée".

Comme une pie qui sautille, Marguerite de Clisson, la jambe cassée, s'appuyait d'une canne pour marcher à la suite d'un coup de pied que son père le Connétable lui donna tant il était indigné. Bien que cette Margot racheta plus tard sa conduite en faisant de nobles fondations, elle avait aussi beaucoup de méfaits à exorciser. Ces crimes étaient très sombres et noirs et elle eut beaucoup de mal à la fin de sa vie à s'en débarrasser, tant les remords lui rongeaient le cœur. A Saint-Brieuc, la fontaine de Notre-Dame est attribué à Margot-Clisson, auteur bien connue d'actes en même temps aussi courageux qu'exécrables, mais un personnage qui a collaboré à l'immortalité de l'art chrétien au XV siècle.






Pendant sa jeunesse, la perversité de Marguerite la poussait à nourrir davantage son côté sombre, l'empêchant d'être consciente des bons conseils de son père. A Moncontour, une fois elle condamna à mort injustement des sergents. Son âme était noircie de tant de crimes qu'elle « détruisit, en vivant longuement, ses enfants d'honneur », si elle ne les « détruisit pas de biens ».

La fortune qu'elle avait poussa Marguerite à développer le côté lumineux de la pie à la fin de sa vie. A cette époque, la coutume religieuse de la classe noble et surtout des âmes grignotées par les remords, était de consacrer la dernière période de leur vie à gagner leur repos éternelle par des donations généreuses à l'église afin de purger leurs péchés de la jeunesse et de leur maturité. Les regrets de Margueritte Clisson furent une source d'inspiration dans sa vieillesse dans tous les constructions qu'elle s'engagea. 




Bloc de granit au Mont Croquelien.



Cet énorme tas d'argent, avant d'être transporté au Portefeuille du Mont Croquelien, resta caché par la fée Margot sous l'église, protégé par le diable, dont l'accès restait impossible. Apparemment, les voisins ont bien essayé, à diverses reprises, de récupérer cet argent qui pourrissait dans le sous-sol humide de cette église, il y a bien plus de deux cent ans sans aucun succès. Un jour, ils avaient organisé une procession pour y accéder armés d'une croix, d'une bannière, un cierge bénit à la main faute de lumière à l'intérieur; le prêtre, pourvu des ses étoles et d'un goupillon. Ce souterrain n'inspirant pas trop de confiance, avant d'avoir fait cent pas, une nuée de cousins voltigeait autour decierges, ils furent grillés en si grand nombre qu'ils éteignirent les cierges. Vous pouvez imaginer la suite, avec le diable qui les attendait au bout du souterrain. Les participants effrayés eurent du mal à sortir du souterrain dans le noir. Oubliés les trésors de la fée Margot-Clisson, la porte resta condamnée et défendu d'y entrer







Il paraît que sous les pierres
 il y a des fortunes cachées au Mont de Croquelien.


Bien que l'accès à la chambre d'or de la fée Margot reste impossible, ses souvenirs évoquent la perversion et la lumière de Marguerite de Clisson, parfaitement adaptés au blanc et noir de la pie Margot, son portrait craché.

Mais, en revenant aux menhirs, les pierres, surtout les grandes pierres en Bretagne, sont une riche source aussi de toutes sortes d'événements.  Albert Cloüard et G. Brault racontent d'autres expériences des menhirs bien réels dans leur livre « Tro-Breiz ». Librairie Fischbacher. Paris. 1892. « De nos jours, les paysans regardent les dolmens comme des constructions mystérieuses, comme des grottes de fées ou de korrigans. A travers des chemins creux et des sentiers en lacis, nous cherchons la Roche-aux-fées de Crucuno pendant longtemps, car en cet endroit retiré les enfants s'enfuient effrayés à l'approche des étrangers et les femmes farouches, aux interrogations secouent la tête sans répondre. 






Pays du Mené, en Centre Bretagne.
Mont Croquelien, demeure des fées Margot.

Nous la rencontrons par hasard en pénétrant sur l'aire d'une ferme. Elle est de forme à peu près circulaire, faite de très grosses pierres transversales soutenues de onze piliers massifs. On l'a transformée en grange ; elle, comme une grand'mère indulgente, laisse faire et dans ses larges flancs abrite complaisamment, avec la moisson de l'année, des herses et des charrues. Vers la fin du XVIII siècle, un pauvre fou, Thurnaf le Durner, vivait attaché dans cette niche ouverte aux vents et à la pluie. On le regardait avec horreur, on le traitait avec haine comme une bête malfaisante. Et il passa là toute son existence, en but aux implacables persécutions des voisins auxquels il ne pouvait répondre que par d'impuissants cris de rage ».





Ensemble mégalithique à Kerlescan.
Carnac, dans le Morbihan.


Pour finir, une curieuse interprétation de la présence des menhirs à Carnac provenant de l'imaginaire  populaire. La légende des soldats de Saint Cornély à Carnac. Cornély a été dans tout le pays de Carnac, voir Vannes, l'un des saints les plus honorés, car il veillait sur le bétail, très important pour le patrimoine des paysans. Un jour, Saint Cornély, religieux engagé et harcelé, partait monté sur une charrette attelée de deux bœufs: il fuyait les armées que des rois idolâtres avaient dépêché contre lui.







Les "soudard ar Carnac", les soldats de Carnac en breton.
Les pierres seraient des soldats figés, résultat
des  dons du ciel en faveur de Saint-Cornély.



Sans avoir le temps de réfléchir pendant sa fuite, et perturbé, il ne se rendit pas compte qu'il se dirigeait vers la mer, un chemin sans issue. Tout à coup, il ne put plus avancer et il resta bloqué. Les boeufs fatigués, rendirent leur âme, tombant sur leurs genoux. Saint Cornély, qui ne perdit jamais la foi, demanda les faveurs du Ciel, le seul espoir à sa terrible situation. Saint-Cornély, tendant le bras vers les soldats qui étaient déjà tout près de lui, il les changea soudain en pierre. Et depuis cet exploit, les soudard et Sant Cornély sont restés figés dans leur rigide manteau à Carnac.






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Suscinio : château fort en ruines datant du XIIIè siècle, dont l'ancien nom, Soucy-ny-ot, annonçait un séjour de plaisir. Résidence des ducs de Bretagne dans la Presqu'île de Rhuys dans le Morbihan.
La célèbre Mélusine, était l'épouse de Raymondin.
Le nom de peulvan ou menhir, signifie dans la langue celtique, pilier de pierre, et s'emploie pour désigner les monuments qui se composent d'une simple pierre brute planté verticalement comme une grossière pyramide.

La grotte à Margot, à visiter à Planguenoual, sur la grève de la Cotentin, dans les Côtes-d'Armor, près du Val-André. La Cotentin veut dire, la côte en thym, ainsi appelée à cause du thym sauvage qui tapisse ses falaises.



Images prises à Le Gouray (22) le 26 février 2012.

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