 |
Panneau du canal de Nantes à Brest avant
d'arriver à Glomel. Altitude du bief de partage 184 m. |
Lors de l’union de la Bretagne au royaume de France en 1532, les Bretons
conçurent l’idée d’ouvrir une voie de navigation intérieure
dans le pays. Dans un premier temps, les États de Bretagne décidèrent
de canaliser La Vilaine en 1538 afin de relier Rennes et Messac par
bateau. Plus tard, les blocus imposés par les Anglais sur la rade de
Brest depuis 1688 sous le règne de Louis XIV, poussèrent la
Bretagne à mettre en place un réseau navigable dans la région. En
1745, le comte François Joseph de Kersauson envisagea un premier
projet de Nantes à Brest qui sera abandonné par manque d’appui
financier. En janvier 1783, une commission sera chargée d’analyser
des projets de navigation intérieure qui seront présentés au roi
Louis XVI, le 31 octobre 1784. Cette commission formée par quelques
membres de l’académie royale des sciences, dont l’abbé Rochon
ou Nicolas de Condorcet, prendra en charge l’étude des mémoires
des différents projets de navigation qui bientôt verront le jour.
Paysage breton à Carnoët,
dans la Vallée des Saints dans les Côtes d'Armor.

La
décision définitive viendra de la part de Napoléon Ier
lors du blocus sur la rade de Brest par les Britanniques en début du
19ème
siècle. Les menaces anglaises ont convaincu Napoléon de cette
nécessité de débloquer Brest à travers la Bretagne intérieure
pour assurer les produits aux villes de Brest et Lorient. En 1803,
l’ingénieur Guy Bouessel étudia le projet et suite au décret
impérial de construction des canaux en Bretagne signé le 7 juin
1811, les travaux purent commencer en Loire-Inférieure et dans le
Finistère. Le 7 septembre, Napoléon visitera les lieux afin de
poser la première pierre de la première écluse sur le bief de
Guilly Glaz, entre Port-Launay et Châteaulin. Dû à la complexité
du chantier, les travaux seront à l’arrêt dans un premier temps,
mais onze ans plus tard, en 1822, afin de pouvoir les financer les
travaux, la Compagnie des Canaux de Bretagne verra le jour et ses
emprunts donneront voie libre aux travaux qui seront dirigés par le
comte Jean-Marie de Silguy.
 |
Ancien chemin de halage sur le canal à Glomel. |
Ce
canal est dessiné sur une longueur de 369 km 600 m,
et partant de la Loire, à l’intérieur de la ville de Nantes, il
traverse le Morbihan et les Côtes d’Armor pour arriver jusqu’à
Châteaulin, dans le Finistère et communiquer avec l’Aulne et la
rade de Brest. Le canal fut
divisé en deux sections : la
première section partirait
de Nantes à Redon et
compterait
18 écluses sur un parcours de 95 km ; la
deuxième section irait
de Redon à Châteaulin comprenant 219 écluses sur une longueur de
274 km.
 |
Randonneur sur le canal de Nantes à Brest à Glomel. |
Ce
chantier ambitieux et fabuleux qui débuta sous Napoléon Ier
[1769-1821] en 1806, fut terminé 36 ans plus tard sous la houlette
de Louis-Philippe Ier
[1773-1850]
en 1842. Pour sa réalisation, il a compté, d’une
part, sur
la participation de l'Etat apportant, depuis le ministère
de la guerre, l'argent emprunté, le commandement militaire et les
ingénieurs; et d’autre
par sur la population
apportant
la main d'œuvre locale, les entrepreneurs, qui prenaient en charge
les chantiers, et les prisonniers obligés à travailler dans
l’espoir de voir un jour la liberté. La construction du
canal fut approuvée par la loi du 14 Août 1822 avec un emprunt
prévu de 29.600.000 francs.
.
 |
La tranchée commence à la fin de ce morceau du canal. |
Le
canal fut creusé par morceaux et ne commencèrent pas en même
temps, même plusieurs chantiers restaient inactifs tandis que
d’autres étaient très avancés. Il y eût beaucoup de
difficultés à surmonter avant et pendant les travaux car il fallait
négocier les expropriations, recourir à des instances judiciaires,
inspecter les tracés, repérer les carrières, transporter le
matériel, assurer le logement du personnel et des ouvriers, fournir
la nourriture… Concernant le chantier de la grande tranchée du
bief de partage de Glomel, il débuta en 1823.
 |
Borne sur le canal à Glomel: kilomètre 265. |
L’arrivée
du canal en Bretagne ne seulement satisferait le besoin d'éviter
le trajet par mer entre les ports de Nantes, Lorient et Brest en
cas de guerre, mais il provoquerait une
revalorisation du pays jamais vue : le bois ou le
fer provenant du Haut-Rhin arriveraient sans difficulté à
Brest à travers cette grande ligne navigable, et de Nantes les
produits navigueraient jusqu'à Bâle et Strasbourg.
Je vous invite à lire la suite...
Déjà disponible chez Edilivre ici:
https://www.edilivre.com/catalog/product/view/id/754503/s/la-tranchee-des-baganards-2547bace50/
Vous pouvez regarder quelques images du livre:
 |
Maison d'éclusier à Stang Jean, sur le canal à Glomel. |
 |
Les étangs du Roz creusés pour le canal à Pontivy. |