samedi 4 mars 2017

Les victimes de la Butte rouge. L'Hermitage-Lorge (22).







     A l'Hermitage-Lorge, dans les Côtes d'Armor, se trouve un haut lieu de la Résistance inconnu, caché, un peu écarté du monde qui fait bruit car ce lieu est très éloigné des routes principales et il n'est même pas signalé sur le rond point de L'Hermitage-Lorge sur la D700 Loudéac-St-Brieuc. 

     Cependant, ce HAUT LIEU n'est pas à négliger car 55 habitants provenant d'un peu partout furent fusillés et torturés par l'armée allemande au printemps et à l'été 1944. Parmi ces braves patriotes, se trouvent hommes et femmes, des parents et leurs enfants qui ont combattu ensemble dans la forêt.








 Pour aider l'Association pour l’entretien du site de la butte rouge (vous trouverez ses coordonnés à la fin de cet article) je vous propose de vous arrêter quelques minutes pour rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui se sont battus pour la liberté de la France. 




     Toutes les informations que vous pourriez apporter au développement et à l'éclairage de ce sujet sont les bienvenues.  



(Je n'appartiens pas à cette association; j'ai préparé cet article dans le but de diffuser et d'aider dans ses démarches. Je ne fais que retranscrire les informations affichées sur les panneaux du site).


















L’HERMITAGE-LORGE

1944

LES VICTIMES DE LA BUTTE ROUGE


Au printemps et à l’été 1944, cinquante cinq personnes issues de la Résistance costarmoricaine ont été victimes de la répression nazi et inhumées à L’Hermitage-Lorge.
























Ces hommes et femmes ont subi les rafles, les arrestations, la torture et l’exécution sommaire. Leurs corps ont été découverts à l’été et à l’automne de 1944 ainsi qu’en 1947.





















Cette exposition rend hommage à toutes les victimes des exécutions du printemps et de l’été 1944. Quarente-huit photographies les concernant sont présentées mais sept son manquantes.













Les photographies en noir et blanc et leur qualité restituent difficilement l’âge des martyrs de la Butte Rouge. Afin de se rendre compte de la jeunesse d’une partie des victimes, il a été décidé d’indiquer leur âge sous chaque photographie.













Le choix de la sobriété de la présentation est volontaire. Certains faits et biographies restent encore à écrire.

L’Association de la Butte rouge, désireuse de reconstituer cette mémoire, recherche des documents et des clichés photographiques et remercie toute personne pouvant apporter de l’aide et éclairer ainsi, la mémoire de ce lieu, de ces femmes et de ces hommes disparus tragiquement quelques mois ou quelques jours avant la Libération et inhumés sur le site de la Butte rouge et du champ des martyrs.


Sept photographies sont manquantes :

Jeanne GOUELIBO, 21 ans née à Hénon

Alphonse HENERY, 19 ans né à Quimper

Eugène LAVEANT, 40 ans né à Boulogne-Sur-Seine

Louis MADEC, 23 ans né à Logonna-Daoulas

Joseph Le BOTLAN, 33 ans né à Malguénac

Deux personnes non identifiées










Reproduction du texte ci-dessous:


OUEST-France 6 (?) novembre 1944

Dans la forêt maudite…


L’exhumation des victimes de la barbarie allemande à L’Hermitage-Lorges.

Nous avons relaté brièvement, dans notre numéro de mardi, quels ont été les résultats de la première journée de fouilles dans les fosses tragiques de la forêt de Lorges où déjà 34 corps ont été exhumés : 28 lundi et 6 autres les jours précédents.
Terrible acte d’accusation contre les barbares déchaînés responsables de l’hécatombe ! Dieu seul sait, hélas ! si la forêt maudite ne recèle pas encore de nombreux cadavres, et si l’horreur ne succédera pas à l’horreur.

En tout cas, les fouilles continuent.

Voici les détailles recueillis sur place par notre envoyé spécial :


















Une vision d’horreur par un matin d’automne.

L’HERMITAGE-LORGES (de notre envoyé spécial). – A la sortie de l’Hermitage, sur la route d’Uzel, règne une animation inaccoutumée : cars, camions, autos particuliers, groupes de soldats et de gendarmes, etc.

Nous traversons le hameau des Forges, à quelques 200 mètres de là au débouché d’un petit chemin, à gauche de la route, flotte un drapeau français. Des sentinelles sont postées qui écartent les simples curieux.

Et nous volons (?) avec les officiers, nous enfonçant par ce chemin boueux vers le cœur de la forêt. Nous suivons le chemin de croix que suivirent les martyrs vers lesquels nous nous dirigeons.

















Le chemin cesse. Encore quelques minutes de marche dans les taillis et nous voici dans la clairière tragique. Nous y rencontrons celui qui décela l’abomination, un vieux cultivateur de l’endroit M Alphonse Pêcheur, des Forges. Il nous raconte la terrible scène (?) :

« J’allais couper des fougères et je m’aventurais jusqu’ici, où personne n’était venu, car nous savions la forêt minée, et puis j’ai remarqué de ci, de la, des creux suspects dont la terre meuble n’était point recouverte d’humus. Alors, j’ai gratté, j’ai gratté… J’ai senti et j’ai compris… ».



















Mais le père Pêcheur ne peut en ajouter plus, car l’émotion l’étreint encore.

Le travail s’organise sous les ordres de M Rouvraix du Comité de Libération, qui a déjà, hélas ! la douloureuse expérience des fossés de Malaunay et de Plestan. Ce sont des prisonniers allemands et russes que l’on a chargés de la macabre besogne, et c’est justice ; mieux encore : c’est une réparation, bien incomplète, malheureusement eu égard à l’ignominie du calme. Dommage qu’on n’ait pu joindre aux prisonniers quelques dénonciateurs avérés ; c’eût été le début de l’expiation !
On creuse, on creuse dans les onze fosses et, tout à coup, dans l’une d’elles, on découvre deux corps. Nous respectons trop le désespoir des familles pour nous engager ici dans une description qui braverait l’honnêteté. Disons seulement que sur les 128 corps qui furent découverts ce jour, 19 ont pu être identifiés, dont nous donnons les noms d’autre part.
























Des scènes poignantes.

Quelques membres des familles des victimes de la barbarie allemande avaient pu accéder à la forêt. Cela donnait lieu à des scènes si émouvantes que peu d’assistants purent retenir leurs larmes. Un père de famille reconnut dans les deux premiers corps extraits des fosses ses deux fils. Une maman qui avait déjà rendu visite à toutes les fosses de la région, dans l’espoir de reconnaître son fils, finit par le découvrir dans la forêt de Lorges. Plus loin, nous vîmes les cadavres de quatre femmes, une mère et ses deux filles, dont le fils avait été fusillé auparavant. Plus loin, une jeune fille de Saint-Brieuc. Au nombre des morts figure un parachutiste de l’armée régulière du général de Gaulle. Les Boches, cette fois, ne peuvent en aucune façon invoquer l’argument de franctireur.
Le docteur Lejeune, de Quintin, médecin-légiste, assisté du docteur Lecomte, de Loudéac, procède aux constatations d’usage. Ces deux participants accomplissent sans défaillance leur pénible besogne, de 10h30 du matin à 17h, sans arrêt, sans repos, sans prendre la moindre nourriture ni réconfort. Nous tenons à signaler ce dévouement méritoire, comme celui, d’ailleurs, de tous les assistants, hommes et femmes, en ce lieu d’horreur que Dante lui-même n’aurait pas osé imaginer.


















































Il résulte de l’examen des deux médecins que de nombreuses victimes ont dû être pendues. On a, d’ailleurs, repéré de façon certaine l’arbre qui servit de gibet. D’autres ont été fusillés ou tués d’un coup de revolver dans la nuque, et on est en droit de penser que la machiavélique affaire de Katyn ne fut qu’une façon pour les Boches, de détourner le mépris universel en rejetant le crime sur une autre nation.










D’après les recoupements, il semble bien que toutes les victimes ont été amenées d’Uzel où se tenait un poste de commandement de la Gestapo aidé par les S.S. et la Milico française (quelle honte de voir des Français mêlés à ce crime). Les condamnés étaient transportés en camion dans la forêt et exécutés. Ces exécutions remontent, semble-il, à juin et surtout à juillet derniers. Il est probable que le plus grand massacre eut lieu le 14 juillet, jour de notre fête nationale. C’est bien là une de ces « délicatesses » de la prétendue Kultur allemande.


















On prie pour les morts.



Vers 17 heures, devant tous les cadavres assemblés M l’abbé Boulvain de Guingamp récite des prières pour les morts. L’instant est particulièrement émouvant : les quelques familles des victimes pleurent à chaudes larmes et tous les assistants ne peuvent maîtriser l’angoisse qui leur étreint le cœur. Nous touchons au tréfond de la douleur humaine.






























Comment, en notre époque de civilisation, peut-on être témoin de telles monstruosités ? Un honnête homme ne saurait le concevoir, et, cependant, la preuve est là. D’aucuns, dans leur générosité native ont voulu douter d’une si affreuse réalité. Ils ont pu croire, de bonne foi, que l’homme ne pouvait être le loup pour l’homme. On voudrait tant croire à la fraternité universelle ! Mais les cadavres alignés font s’effondrer tout espoir de pitié. C’est une race qui se met au ban de l’humanité.








On ne peut même pas lui appliquer la parole du Christ sur la croix : « Pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Ceux-là savaient ce qu’ils faisaient : ils le faisaient sciemment, avec leur Kultur diabolique, avec leur haine, au mépris de tout ce que l’humanité devrait avoir de grand et de noble. Et l’humanité tout entière en recevant comme une éclaboussure, et les gens de cœur en conçoivent un immense chagrin en songeant que des êtres comme eux aient pu descendre si bas, en songeant surtout que des Français aient pu s’associer à la sinistre besogne de ces policiers devenus tortionnaires.










Après l’identification possible, les morts sont déposés dans les cercueils venus de Saint-Brieuc.

Au cours de la journée, nous avons noté la présence des personnalités suivantes : MM le colonel Golhen, commandant de subdivision ; le colonel commandant le 71e d’infanterie et le lieutenant-colonel adjoint ; Fantome, procureur de la République ; le chef d’escadron de gendarmerie Bouller ; deux officiers de la Sécurité Militaire américaine ; Vergne, commissaire spécial ; le docteur Despas, de St-Brieuc, délégué de la « Défense de la France » ; Le Picard, responsable du Front National pour le secteur ; Mlle Christiane, du Front National, etc.

La nuit vient lentement. L’assistance se retire du lieu maudit où tant de fils de France ont payé de la plus atroce des morts leur dévouement à la Patrie.











Liste des corps qui ont pu être identifiés.

Emile Urvoy, de Plouguenast ; Francis David, de Plouguenast ; Felix Veillet-Deslandelles, de Moncontour ; Jean Pinaut ; Jean Scio, de Reims, refugié à Hénon, Robert Hanus, de Flavreuil ; Fada Pascal, parachutiste ; Dieulesaint Louis, de Moncontour ; Jules Lemeur, de St-Brieuc ; Mme Couélibo et ses deux jeunes filles de Hénon ; Christophe Mireille, de Saint-Brieuc ; Jégourel, de Saint-Caradeux jeunes filles, de Hénon : guenast ; Jean-Baptiste Uurvoy, de Plouguenast ; Henri Bourges, de Plouguenast ; Collin Roger, de Pordic ; Eveno, de Saint-Nicolas-du-Pellem.

Neuf corps restent à identifier.










En attendant les obsèques nationales qui auront lieu le vendredi 3 novembre, à 10 heures à l’Hermitage-Lorges, les corps sont exposés à la gare de Ploeuc-l’Hermitage, où une chapelle ardente a été installée.

A ces 28 morts, nous avons dit, il faut ajouter les 6 autres découverts précédemment et dont les corps ont déjà été inhumés.





Contacts:


Association pour l’entretien du site de la Butte rouge :


Mairie de L’Hermitage –Lorge 

Le Paly – 22150 L’Hermitage-Lorge


Tél : 02 96 42 12 02






Images prises 


le 23 février 2017 à la Butte rouge

Les Forges

22150 L'Hermitage-Lorge


https://gilpuchol.wixsite.com/pucholphotographie


Regardez ma vidéo sur Youtube

"L'Abbaye de Beauport"

https://youtu.be/MU5JH8a3_Ow


Consultez mes récits sur Edilivre.com :


"L'Abbaye de Beauport"

Une abbaye maritime bretonne.

Paru le 11 janvier 2016


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http://www.edilivre.com/l-abbaye-de-beauport-jose-maria-gil-puchol.html


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