mercredi 1 mars 2017

Cathédrale Saint-Etienne. Saint-Brieuc (22).






Les grandes fenêtres de la tour nord datent de 1875.

La cathédrale de Saint-Etienne se trouve sur la place centrale de la ville de Saint-Brieuc, face à la Préfecture. Elle est encadrée par deux tours de granit, flanquées de robustes et austères contreforts sans ornements, et surmontées d'un combles lourd à double étage.








Ces tours, placées aux deux côtes du porche principal de l'édifice, protègent apparemment l'entrée d'une forteresse: c'est l'accès à la demeure de Dieu.







La tour nord, plus élevée, est armée de véritables archères; celle du midi, surmontée de mâchicoulis, porte un étage de charpente semblable aux hours des tours militaires.






Il faut dire, en effet, que la cathédrale de Saint-Brieuc a été une vraie forteresse: la ville n'a jamais été protégée au moyen âge par une ceinture de murailles. Pendant les guerres du 14è au 16è siècles en Bretagne, l'église-cathédrale devint le château-fort des Briochins





Ces murs qui ont été frappés et assaillis, ont poussé les chants des clercs, des soldats et de la population vers le ciel.








Chaque siècle a apporté des nouveautés architecturales à cette cathédrale de Saint-Etienne depuis le XIIIè siècle.






En 1800, M Louis, maire de Saint-Brieuc, avait acheté, pendant la Révolution, le couvent des dames de la Croix (aujourd'hui appelé Montbareil) et offrit à la Cathédrale, provenant de ce couvent, l'autel en bois de l'Annonciation du XVIIIè siècle, oeuvre du sculpteur Corlay, ainsi que les statues. Pendant la période de la terreur, M Louis les avait cachées dans le foin.

Cet ensemble fut installé dans la partie bâtie par Jean Prigent dans le bas côté sud.






































Les romains s'étaient installés auparavant sur ces terres près de l'actuelle ville de Saint-Brieuc où ils bâtirent une forteresse à Cesson, une terre entourée complètement de forêts face à l'océan Atlantique.



Plus tard, provenant de la Grande Bretagne, à l'âge de 75 ans, le moine Brieuc débarqua en Armorique sur ces mêmes terres avec 84 religieux entre 485 et 490, sur le territoire compris entre le Gouët et le Gouédic, où se trouve aujourd'hui la ville de Saint-Brieuc.







Le moine Brieuc fut disciple de saint Germain d'Auxerre, moine qui visita la Grande Bretagne entre 429 et 432. 

Installés sur le territoire de Rigwal, celui-ci donna à Brieuc un bout de terre appelé "le champ du Rouvre", suffisamment étendu pour pouvoir créer leur siège épiscopal et leur monastère entre l'Urne et le Gouët.

A la fin du Vè siècle, la première église de Bretagne fut fondée sur cette propriété du Rouvre où se situe aujourd'hui la cathédrale Saint-Etienne à Saint-Brieuc.



Cette première modeste église fut dédiée à Saint Etienne et fut construite en bois, la matière première que l'on trouvait en abondance dans cette contrée entourée de forêts.

Brieuc décéda en 505 et devint bientôt un saint à cause des ses miracles et la vénération de ses disciples et, petit à petit, des gens venus d'ailleurs s'installèrent dans des habitations autour du monastère.







A partir de l'an 1000, c'est la renaissance de la construction des monastères et des églises et l'église de Saint-Brieuc fut complètement reconstruite à tel point qu'elle mérita le titre de cathédrale, mais une cathédrale très différente de celle qu'on connaît aujourd'hui. A cette époque, ce n'est pas le style gotique qui s'affiche dans ce bâtiment, car la Bretagne était très éloignée des modèles qui se dressaient en Île-de-France et en Normandie.






Bas côté sud.

C'est à partir du XIIIè siècle que ce style architectural léger appelé gothique arrivera à Lamballe, à Beauport et plus tard à Saint-Brieuc. Cette transition du roman au gothique est bien visible. Entre les grosses colonnes romanes, les architectes laissent la place à l'arc d'ogive, avec des archivoltes décorées de moulures remplaçant les chanfreins.







Autour du chœur, le style gothique s'impose avec ses murs légers, ses moulures et ses feuillages. 







La Cathédrale de Saint-Brieuc a été construite en deux fois: d'abord au Moyen-Âge par le chevet, l'autel principal était celui de l'ancienne église; le transept fut fondé à cette époque et plus tard la nef, les bas côtés et les tours furent bâtis. 

Une première partie a été fondée par l'évêque saint Guillaume avant 1228, avant de partir en exil à Poitiers; la seconde fut érigée à partir de 1231. 





Les dépenses de Louis XV et les dégâts de la guerre de 7 ans (1756-1763) appauvrirent le pays de sorte que le chapitre dut donner les objets les plus précieux tels les grands chandeliers d'argent de la cathédrale et les lampes pour subvenir aux besoins de la cour et de l'Etat. Au moment de la Révolution, n'en restait guère. 

Étant donné qu'il n'y avait pas d'argent dans les caisses de la cathédrale, les vitraux historiés du chœur qui étaient dans un état déplorable furent remplacés par des verres mis en plomb.







Ce chœur liturgique date de 2008.

Depuis 1956, le sanctuaire était fait d'un imposant autel de granit et d'un emmarchement pyramidal en granit à trois niveaux. A partir de 2003 un nouveau sanctuaire a été conçu et un nouvel espace fut créé par l'Atelier du Vieux Presbytère, de Lanvellec, dirigé par Gilbert LE GOËL, de Bieuzy-Les-Eaux.











Après la Révolution, des changements ont eu lieu dans la Cathédrale. Le culte de la Raison ayant été inauguré, tout signe extérieur de l'ancien culte, ainsi que tout élément affichant la féodalité et la superstition furent détruits.






Sur la porte d'entrée, il y avait une affiche qui avait été collée: 

"Temple de la raison" 

au-dessous d'un triangle maçonnique. Cela se comprend bien car une loge de franc-maçons affiliée au grand orient de France s'était installée à Saint-Brieuc, ville dont le nom changea en "Port Brieuc".

La période de la terreur arriva et dès 1794 jusqu'à 1799 le culte resta interrompu.

Pendant ces cinq années, l'église fut utilisée comme étable de bœufs et pour garder les canons pour l'armée.






A l'évêque Guy de Monfort (1335-1358) nous devons la balustrade du triforium du cœur. 






La cathédrale était un locale qui servait pour célébrer des fêtes populaires: de la liberté, de l'agriculture, de la jeunesse, des vieillards, des époux...






Pendant la chouannerie, l'intérieur de la cathédrale avait été pillé et saccagé; les toitures coulaient partout... Le bâtiment était sur le point d'être déclaré en ruine.





A cette époque, à l'extérieur de la cathédrale les espaces libres entre les contreforts et les chapelles avaient été loués par le chapitre à des marchands qui avaient installé leurs petites boutiques contre les murailles.

Le nombre des commerçants installés était de 27, tous autour de la cathédrale.











Tombe et reliques de Saint-Guillaume évêque de Saint-Brieuc.

Les saints vénérés en Bretagne sont: Saint-Brieuc, saint Samson de Dol, saint Paterne de Vannes, saint Malo, saint Corentin, saint Pol de Léon et saint Tugdual de Tréguier. 

Les reliques de Saint-Brieuc (voir image ci-dessus) se conservent à la cathédral et sont vénérés depuis le moyen-âge, donnant lieu au pèlerinage des "sept saints". 





Tombe de Saint-Guillaume évêque de Saint-Brieuc.



Les reliques de Saint-Brieuc furent transportés au IXè siècle à l'abbaye de Saint-Serges en Angers par Aerispoé, fils de Nominoé, craignant les attaques Normandes.











Tombe de Saint-Guillaume évêque de Saint-Brieuc.



Les moines de l' abbaye de Saint-Serges exposèrent les reliques  aux fidèles en 1166 attirant une grande foule de fidèles qui faisaient des dons pour les vénérer. Enrichis par ces dons, ils bâtirent leur église.





Reliques de Saint-Guillaume évêque de Saint-Brieuc.



Pierre, évêque de Saint-Brieuc (1208-1212), demanda aux moines de restituer les reliques qui lui appartenaient et le 18 octobre 1201 elles arrivèrent portées par le Alain de Penthièvre, comte du Goëlo.

Afin que les fidèles puissent voir et vénérer les reliques des patrons de la Cathédrale, Mgr Fallières, évêque au XVIIIè siècle, fit construire une chapelle dans un petit caveau inutilisé depuis longtemps.


Mgr Fallières décéda le 10 mai 1906 après avoir exercé un épiscopat très engagé. Le 12 décembre 1905, fut prononcée la séparation de l'Église et de l'Etat, marquant pour l'Église de France la fin de régime concordataire en vigueur pendant un siècle. 





Tombe de Saint-Guillaume, évêque de Saint-Brieuc.



Avec l'arrivée des reliques, les dons affluèrent: le sénéchal Godo, donna 109 livres en 1202, aidant à la construction de la nouvelle Cathédrale.





















La rosace ouest entre les deux tours date du XVIè siècle.





























Au fil du temps, les verrières ont été abîmées à cause de l'humidité: elles étaient encrassées et la peinture effacée.

Les scènes portent sur le mystère eucharistique: la Cène et la multiplication des pains entre autres.

Le sujet de ce vitrail est le Saint-Sacrement, exposé sur une surface de 60 m2 composé de 360 pièces de verre. 


En 2010, la DRAC Bretagne a restauré cette grande verrière du transept Sud ci-dessus. Les travaux ont été assurés par Stéphane Aubertin, architecte des Bâtiments de France.

Le montant total de ce travail a été de 155 866 €.






Les orgues fabriqués en Angleterre portaient la date de 1540, mais l'Etat acheta un nouvel orgue en 1844 par 35000 fr fabriqué par Cavalié-Koll. Vers 1812, l'orgue avait été atteint par la foudre: l'instrument et la tribune furent l'objet de travaux importants. 


Ces grosses colonnes de l'ancienne église sont très semblables à celles de la Cathédrale de Poitiers, lieu d'exil de l'évêque de Saint-Brieuc Guillaume Pinchon (1220-1234).

L'évêque Guillaume fut succédé par Philippe évêque de 1235 à 1248.

Ce sont Guillaume et Philippe qui ont construit la Cathédrale que nous connaissons aujourd'hui terminée au XIIIè siècle.









En 1375, le duc Jean V de Montfort mis le siège avec son armée la ville de Saint-Brieuc où l'attendaient les soldats envoyés par Olivier de Clisson. 

Pendant quinze jours, la Cathédrale fut le refuge de l'armée de Clisson et d'une partie des habitants. Le bâtiment supporta les coups des machines de guerre de Jean V contre ses murailles, mais la position du étant menacé par les partisans de Clisson, il se retira.  

La Cathédrale ayant subi trois sièges au XIVè siècle, avait eu beaucoup de dégâts, les guérites et les murs avaient été abattus par les machines de guerre.








A la mort de l'évêque Jacob en 1801, Napoléon allait signer un nouveau concordat avec le Vatican ouvrant un nouveau chemin à l'Église française: la cathédrale serait désormais patrimoine de l'Etat et l'évêque deviendrait un fonctionnaire plus important. Les prêtres auraient un salaire de 1000 fr.






L'évêque Cafarelli (1802 - 1815) arriva à Saint-Brieuc où il trouva le clergé divisé en deux groupes: le non assermenté composé de 350 prêtres et celui qui avait prêté serment. 








En 1817, Mgr Mathias Le Grouin de la Romagère arriva à Saint-Brieuc et fut évêque jusqu'en 1842. Il aimait l'art et il fit accrocher des tableaux autour du chœur: une belle peinture des martyrs provenant de l'abbaye de Beauport fermée pendant la Révolution avait été donné par le moine Lesage en 1806, et un tableau de Marthe et Marie. 

Il y avait aussi un tableau des quatre évangélistes et des quatre docteurs de l'Église, mais l'humidité n'a laissé que la peinture d'un seul évangéliste et trois docteurs. 







Le premier évêque de Saint-Brieuc et Tréguier fut Mgr Lemée (1842 - 1858). Il fit construire un superbe tombeau de Mgr de la Romagère.

Il remplaça les cloisons et les boiseries qui entouraient le chœur par une clôture vitrée en 1844 afin d'arrêter les courants d'air nuisibles pour les religieux.








Mgr Lemée fut un évêque très apprécié par tous les habitants de Saint-Brieuc et les ouvriers de la ville portèrent sa dépouille dans les rues de la ville en juillet 1858.

Napoléon III et son épouse Eugénie visitèrent Saint-Brieuc une semaine plus tard et un Te Deum fut chanté sur sa tombe à la cathédrale. L’Empereur avait nommé un nouvel évêque, M Martial (1858 - 1861), provenant de Bordeaux: il rêvait de construire à Saint-Brieuc une nouvelle cathédrale comme celle d'Angoulême.

Cependant, l'inspecteur diocésain affirma qu'il valait mieux améliorer la Cathédrale que de bâtir une autre car il en fallait 2 millions de francs minimum. Mgr Martial renonça au projet mais réalisa des nouvelles restaurations.





Mgr David (1862 - 1882) succéda Mgr Martial, très connu pour son amour à l'art, la communication et l'écriture. Etant donné son goût, il nettoya la Cathédrale d'objets inutiles et combattit l'humidité.






En 1854, au fond du chœur se trouvaient des stalles qui furent enlevées pour placer l'autel, le chœur fut diminué de toute la travée de nef, dite d'alcôve. Le trône de l'évêque et l'estrade en face les célébrants qui se trouvaient aussi dans cette travée et qui avaient été placés par Mgr de la Romagère furent transportés au grand séminaire. L'un des autels du transept fut installé à Ploëzal et l'autre fut destiné à la chapelle de Plougernével. 








En 1824, la façade du porche du Matray bâtie en pierre de Caen s'effondra et fut refaite, mais sa richesse décorative n'a pas pu être restituée.






De 1863 à 1866, la fenêtre du transept midi fut restaurée et fut décorée d'un vitrail historié. Des vitraux historiés furent aussi installés sur les cinq fenêtres de la chapelle absidale et ses murs polychromés.

Les travaux ont coûté plus de 20000 fr à cette époque obtenus grâce à la participation de la fabrique, des souscriptions et de l'Etat.






En 1872, Mgr David installa à la chapelle Saint-Joseph une boiserie et un autel neufs.







En 1875, la Cathédrale fut érigée en basilique mineure par le Pape. Deux plaques de marbre sur le mur de l'alcôve le rappellent.

Mgr Bouché (1882 - 1888), aumônier supérieur de la marine, fut l'évêque qui succéda Mgr David.

Mgr Fallières fut le nouvel évêque de Saint-Brieuc de 1889 à 1906, il fit ériger un tombeau à Mgr David dans la chapelle Sainte-Anne (1890) et un autre à Mgr Boucher en 1891 à la chapelle Saint-Yves.

Il s'occupa des deux patrons du diocèse et fit restaurer la chapelle et la statue de Saint-Brieuc et fit construire un tombeau neuf pour Saint-Guillaume inauguré en 1893.























L'atelier de vitrail Hubert de Sainte-Marie de Quintin à refait à neuf les vitraux du déambulatoire et du choeur en 1965. Les nouveaux motifs floraux ou figuratifs utilisés imitent les motifs à la mode du XVIIIè siècle. 

Christine Cocar, artisane de Saint-Brieuc, s'est chargée de réaliser les nouveaux vitraux en 1992 installés autour de la Chapelle du Saint-Sacrement et de la croisée du transept tout en utilisant la même technique du Moyen-Âge: des pièces de verre colorées, découpées et soudées avec du plomb.













































Documents consultés:

"Monographie de la Cathédrale de Saint-Brieuc" par Jules Morvan, architecte diocésain.

Bulletin de la Société d'émulation. Année 1923

BNF Gallica


et les infos disponibles sur les panneaux de la cathédrale.
 
 

Images prises 


le 23 février 2017 à la cathédrale Saint-Etienne
22000 Saint-Brieuc


Regardez ma vidéo sur Youtube

"L'Abbaye de Beauport"

https://youtu.be/MU5JH8a3_Ow


Consultez mes récits sur Edilivre.com :


"L'Abbaye de Beauport"

Une abbaye maritime bretonne.

Paru le 11 janvier 2016


Suivez le lien pour lire un extrait ou le 

commander:

http://www.edilivre.com/l-abbaye-de-beauport-jose-maria-gil-puchol.html


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