lundi 11 décembre 2017

Cheval postier breton.






Aujourd'hui, nous sommes chez André, à la haute silhouette si reconnaissable. Il vit à Laurenan, commune rurale du Mené, en plein Centre Bretagne. 


 Mené dont les vallées et les courbes élevées nous rappellent qu'ici même s'élevait un "massif montagneux" il y a quelques dizaines de millions d'années.

 Laurenan a su préserver un paysage bocageux, conquis largement sur des landes au XIXème siècle et au début du XXème siècle. 

La population du Mené a su faire la preuve de son courage et de sa ténacité. Laurenan est respectueuse d'un passé et de son patrimoine.  

Cet élevage de chevaux remonte aux années 1930 et fut créé par le grand-père d'André, puis son père l'a développé. Dès l'après-guerre, les récompenses ont commencé à pleuvoir.  

Néanmoins, la plus grande récompense fut de participer à "l'élaboration" d'une race célèbre née en Centre Bretagne: le cheval de trait breton.  

La jument pèse idéalement 900 kilos et le mâle 1.200 kilos. La crinière est brune ou blanche. L'animal doit être bien charpenté, robuste, pour avoir à supporter une activité physique intense.  

La puissance et la résistance faisaient la réputation méritée de cette race ancestrale. Pour perpétuer la tradition, André a gardé deux juments contribuant à préserver ce patrimoine.  

Le marché des chevaux de trait s'est effondré, mais cela n'entame en rien la passion qui anime André, de servir la culture bretonne. André est fière de nous montrer ses protégés. 

Il a des allures de chevalin du moyen-âge quand il chevauche un des ses chevaux. Il règne une complicité évidente entre André et ses animaux, communiant avec une nature préservée. Le temps ne s'est pas arrêté à Laurenan mais on a su s'y adapter a la modernité sans pour autant renier les héritages du passé.  
 




La présence du cheval en Bretagne est très ancienne, elle est attestée vers 750 voir 1000 ans avant J.C.

Comme la Normandie, sa voisine et concurrente, la Bretagne est une terre d'élevage réputée. Durant tout l'Ancien-Régime, la Bretagne a été exportatrice de chevaux.

Le cheval breton est réputé pour sa force et sa résistance qu'il peut avoir hérité du mode d'élevage "sauvage" qui a prédominé au Moyen-Âge.





Il faut attendre le XVIIIè siècle pour voir le développement des prémices du cheval de trait breton. 

Il s'agit d'améliorer la capacité de traction du cheval. En effet, un réseau de grandes routes se met en place entre diligences reliant les différentes villes bretonnes. La demande augmentant à la fin du XVIIIè siècle, l'élevage breton des chevaux s'intensifie aussi.








Cela signifie aussi la fin de l'élevage sauvage (c.à.d.: les chevaux laissés à l'état "sauvage" dans les landes) et l'instauration de l'élevage en "crèche": sous un toît à la ferme.

Par ailleurs, en 1777, le règlement national des haras en province est achevé. La politique de L’État français est très stricte: les éleveurs locaux ont l'obligation de présenter leurs juments aux inspecteurs des haras qui interdisent aux étalons de paître librement.






Dès la première moitié du XVIIIè siècle, des centaines d'étalons sont importés pour modifier la race bretonne. Nous assistons à un échec dans le cadre de la reproduction entre des étalons importés mesurant 1,615 mètre (au garot) et les "bidets" locaux d'1,32 mètre, en moyenne.

Cette politique royale conduit à la ruine de nombreux agriculteurs/éleveurs.

La Bretagne intérieure est plus épargnée car elle possède un relief "montagneux" et ne dispose d'aucun étalon étranger.







Une certaine hostilité face aux haras tend à s'installer et l'on voit d'un bon œil l'abolition des haras en 1792 sous la Révolution Française. Pour échapper aux réquisitions militaires, on a tendance à favoriser les individus de petite taille (beaucoup moins réquisitionnés). L'Empire voit le rétablissement des haras. Napoléon a besoin pour son artillerie du cheval breton. A nouveau, les juments rapetissent pour éviter les réquisitions, ce qui se traduit par une nette baisse de qualité.





Le XIXè siècle voit le développement du cheval de labour qui remplace le bœuf (utilisé auparavant), ce qui crée un rapprochement entre l'homme et le cheval à la charnière de la fin du XVIII siècle et du début du XIX siècle. Il en résulte un changement fondamental dès le milieu du XIX siècle, tout paysan même pauvre se doit de posséder un cheval. Proximité et soins vont donc aller de pair.







Tout particulièrement en Bretagne-Centrale, le cheval a droit à des soins particulièrement attentifs.

Parallèlement, le cheval de cours connaît un énorme essor, avec ses célébrités connues dans l'ensemble du pays.

Les haras nationaux se relèvent et reprennent leur politique d'éviction du cheval breton. Il s'agit d'imposer de nouvelles normes en introduisant une part notable de pur sang arabe au XIXè xiècle.





Néanmoins, dans les années 1850, les Côtes d'Armor, un seul département breton, produit 100.000 chevaux par an.

Dès le début du XXè siècle, le demi-sang subit la concurrence de la voiture et du camion. Le "bidet breton" lui est toujours aussi sollicité et demandé, son élevage est florissant. Il en restera de même aussi longtemps que l'agriculture bretonne ne sera pas ou peu mécanisée.






Quant au cheval postier, son âge d'or se situe entre 1900 et 1940 et s'exporte; ainsi, la foire de Morlaix rassemble 7000 chevaux. 

L'agriculture bretonne traditionnelle se caractérise par l'éparpillement et la petitesse des exploitations agricoles. Redisons-le, le cheval est un personnage à part entière de l'univers breton. Aujourd'hui, encore des Pardons et autres cérémonies religieux lui sont dédiés.





La Bretagne se distingue par l'usage tardif, et prolongé, du cheval ainsi que par son élevage à grande échelle; mais le déclin devient patent dans les années 1950, les demandes locales et régionales ne compensent plus la chute de la demande nationale en chevaux. Quant à lui, l'élevage du cheval pour la boucherie n'est pas franchement accepté.







Aujourd'hui, le cheval n'est plus utilisé pour l'agriculture que de manière anecdotique. Finalement, le cheval devient un acteur de la société des loisirs. Le haras de Hennebont (56) est devenu un centre culturel et le Haras de Lamballe soutient le cheval de loisirs; ces nouvelles activités relèguent les politiques normalisatrices aux oubliettes.

Le cheval de trait définit par défaut le cheval breton dès le XIXè siècle. A la fin de ce siècle, on différencie principalement le cheval de trait et le "bidet", ce dernier se transforme en animal d'attelage "léger" suite au développement du réseau routier.






A la même époque, XIXè siècle, on crée le cheval de Corlay ou demi-sang de Corlay: fondé sur une souche de bidet et l'importation de pur sangs. Ce cheval de course aurait impressionné Napoléon III dans des épreuves de "steeple chase".






La place si importante et particulière du cheval en Bretagne tire aussi ses origines dans des croyances religieuses et des pratiques parfois qualifiées de superstitions: de nombreux pardons étaient consacrés aux chevaux où l'on renvoyait symboliquement à des rites de baptême voire de fécondité.





Le cheval apparaît ainsi dans de nombreuses légendes. Mentionnons que ces traditions perdurent sous la forme de quelques pardons qui déplacent les foules, même si la composante touristique y occupe une place indéniable.





Le cheval était associé à tous les événements importants, foires, mariages et fêtes mais aussi enterrements.





Le cheval n'était associé pas qu'un simple outil de travail. Le cheval est aussi un objet d'orgueil. Per Jakez Hélias l'a parfaitement exprimé et exposé dans son best seller "Le cheval d'orgueil", justement titré ainsi.







Le cheval: le meilleur ami de l'homme.



(Texte de Patrick Rio. Loudéac). 




 Ne pas utiliser les photos sans autorisation de l'auteur


Images prises le 28 juin 2017 à Laurenan 22230
 
 

©José María Gil Puchol Productions 



Photographe

22600 Loudéac

France




Regardez mes vidéos sur Youtube

"Paul McCartney à Montevideo 2014"

https://www.youtube.com/watch?v=vgz-z6nvcQ0


Consultez mes récits sur www.Edilivre.com :


"L'Abbaye de Beauport"

Une abbaye maritime bretonne.

Paru le 11 janvier 2016


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http://www.edilivre.com/l-abbaye-de-beauport-jose-maria-gil-puchol.html


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