
Cependant, ce HAUT LIEU n'est pas à négliger car 55 habitants provenant d'un peu partout furent fusillés et torturés par l'armée allemande au printemps et à l'été 1944. Parmi ces braves patriotes, se trouvent hommes et femmes, des parents et leurs enfants qui ont combattu ensemble dans la forêt.
Pour aider l'Association pour l’entretien du site de la
butte rouge (vous trouverez ses coordonnés à la fin de cet
article) je vous propose de vous arrêter quelques minutes pour rendre
hommage à ces femmes et ces hommes qui se sont battus pour la liberté de la
France.
Toutes les informations que vous pourriez apporter au développement et à l'éclairage de ce sujet sont les bienvenues.
Les photographies en noir et blanc et leur qualité restituent difficilement l’âge des martyrs de la Butte Rouge. Afin de se rendre compte de la jeunesse d’une partie des victimes, il a été décidé d’indiquer leur âge sous chaque photographie.
Le choix
de la sobriété de la présentation est volontaire. Certains faits et biographies
restent encore à écrire. L’Association de la Butte rouge, désireuse de
reconstituer cette mémoire, recherche des documents et des clichés photographiques
et remercie toute personne pouvant apporter de l’aide et éclairer ainsi, la
mémoire de ce lieu, de ces femmes et de ces hommes disparus tragiquement
quelques mois ou quelques jours avant la Libération et inhumés sur le site de
la Butte rouge et du champ des martyrs.
Sept
photographies sont manquantes :
Jeanne
GOUELIBO, 21 ans née à Hénon
Alphonse
HENERY, 19 ans né à Quimper
Eugène
LAVEANT, 40 ans né à Boulogne-Sur-Seine
Louis
MADEC, 23 ans né à Logonna-Daoulas
Joseph Le
BOTLAN, 33 ans né à Malguénac
Deux
personnes non identifiées
Reproduction du texte ci-dessous :
OUEST-France 6 (?) novembre 1944
Dans la forêt maudite…
L’exhumation des victimes de la barbarie allemande à L’Hermitage-Lorges.
Nous avons relaté brièvement, dans notre numéro de mardi, quels ont été les
résultats de la première journée de fouilles dans les fosses tragiques de la
forêt de Lorges où déjà 34 corps ont été exhumés : 28 lundi et 6 autres
les jours précédents. Terrible acte d’accusation contre les barbares déchaînés responsables
de l’hécatombe ! Dieu seul sait, hélas ! si la forêt maudite ne
recèle pas encore de nombreux cadavres, et si l’horreur ne succédera pas à
l’horreur. En tout cas, les fouilles continuent.
Voici les détails recueillis sur place par notre envoyé
spécial :
L’HERMITAGE-LORGES (de notre envoyé spécial).
–A la sortie de l’Hermitage, sur la route d’Uzel, règne une animation inaccoutumée : Cars, camions, autos particuliers, groupes de soldats et de gendarmes, etc. Nous traversons le hameau des Forges, à quelques 200 mètres de là au débouché d’un petit chemin, à gauche de la route, flotte un drapeau français. Des sentinelles sont postées qui écartent les simples curieux. Et nous volons (?) avec les officiers, nous enfonçant par ce chemin boueux vers le cœur de la forêt. Nous suivons le chemin de croix que suivirent les martyrs vers lesquels nous nous dirigeons.
Le chemin cesse. Encore quelques minutes de marche dans les taillis
et nous voici dans la clairière tragique. Nous y rencontrons celui qui décela abomination,
un vieux cultivateur de l’endroit M Alphonse Pêcheur, des Forges. Il nous
raconte la terrible scène (?) :
« J’allais couper des fougères et je m’aventurais jusqu’ici, où personne n’était venu, car nous savions la forêt minée, et puis j’ai remarqué de ci, de la, des creux suspects dont la terre meuble n’était point recouverte d’humus. Alors, j’ai gratté, j’ai gratté… J’ai senti et j’ai compris… ».
Mais le père Pêcheur ne peut en
ajouter plus, car l’émotion l’étreint encore.
Le travail s’organise sous les
ordres de M Rouvraix du Comité de Libération, qui a déjà, hélas ! la
douloureuse expérience des fossés de Malaunay et de Plestan. Ce sont des
prisonniers allemands et russes que l’on a chargés de la macabre besogne, et c’est
justice ; mieux encore : c’est une réparation, bien incomplète,
malheureusement eu égard à l’ignominie du calme.
Dommage qu’on n’ait pu joindre aux prisonniers quelques dénonciateurs avérés ; c’eût été le début de l’expiation ! On creuse, on creuse dans les onze fosses et, tout à coup, dans l’une d’elles, on découvre deux corps. Nous respectons trop le désespoir des familles pour nous engager ici dans une description qui braverait l’honnêteté. Disons seulement que sur les 128 corps qui furent découverts ce jour, 19 ont pu être identifiés, dont nous donnons les noms d’autre part.
Des scènes poignantes.
Quelques membres des familles des
victimes de la barbarie allemande avaient pu accéder à la forêt. Cela donnait
lieu à des scènes si émouvantes que peu d’assistants purent retenir leurs
larmes. Un père de famille reconnut dans les deux premiers corps extraits des
fosses ses deux fils. Une maman qui avait déjà rendu visite à toutes les fosses
de la région, dans l’espoir de reconnaître son fils, finit par le découvrir
dans la forêt de Lorges. Plus loin, nous vîmes les cadavres de quatre femmes,
une mère et ses deux filles, dont le fils avait été fusillé auparavant. Plus
loin, une jeune fille de Saint-Brieuc. Au nombre des morts figure un
parachutiste de l’armée régulière du général de Gaulle. Les Boches, cette fois,
ne peuvent en aucune façon invoquer l’argument de franc-tireur.
Le docteur Lejeune, de Quintin,
médecin légiste, assisté du docteur Lecomte, de Loudéac, procède aux
constatations d’usage. Ces deux participants accomplissent sans défaillance
leur pénible besogne, de 10h30 du matin à 17h, sans arrêt, sans repos, sans prendre
la moindre nourriture ni réconfort. Nous tenons à signaler ce dévouement
méritoire, comme celui, d’ailleurs, de tous les assistants, hommes et femmes,
en ce lieu d’horreur que Dante lui-même n’aurait pas osé imaginer.
Il
résulte de l’examen des deux médecins que de nombreuses victimes ont dû être
pendues. On a, d’ailleurs, repéré de façon certaine l’arbre qui servit de
gibet. D’autres ont été fusillés ou tués d’un coup de revolver dans la nuque,
et on est en droit de penser que la machiavélique affaire de Katyn ne fut
qu’une façon pour les Boches, de détourner le mépris universel en rejetant le
crime sur une autre nation.
D’après les recoupements, il semble bien que toutes
les victimes ont été amenées d’Uzel où se tenait un poste de commandement de la
Gestapo aidé par les S.S. et la Milico française (quelle honte de voir des
Français mêlés à ce crime). Les condamnés étaient transportés en camion dans la
forêt et exécutés. Ces exécutions remontent, semble-t-il, à juin et surtout à
juillet derniers. Il est probable que le plus grand massacre eut lieu le 14
juillet, jour de notre fête nationale. C’est bien là une de ces « délicatesses »
de la prétendue Kultur allemande.
On prie pour les morts.
Vers 17 heures, devant tous les cadavres assemblés M
l’abbé Boulvain de Guingamp récite des prières pour les morts. L’instant est
particulièrement émouvant : les quelques familles des victimes pleurent à
chaudes larmes et tous les assistants ne peuvent maîtriser l’angoisse qui leur
étreint le cœur. Nous touchons au tréfond de la douleur humaine.
Comment, en notre époque de civilisation, peut-on être
témoin de telles monstruosités ? Un honnête homme ne saurait le concevoir,
et, cependant, la preuve est là. D’aucuns, dans leur générosité native ont
voulu douter d’une si affreuse réalité. Ils ont pu croire, de bonne foi, que
l’homme ne pouvait être le loup pour l’homme. On voudrait tant croire à la
fraternité universelle ! Mais les cadavres alignés font s’effondrer tout
espoir de pitié. C’est une race qui se met au ban de l’humanité.
On ne peut même pas lui appliquer la parole du Christ
sur la croix : « Pardonnez leur, car ils ne savent ce qu’ils
font ». Ceux-là savaient ce qu’ils faisaient : ils le
faisaient sciemment, avec leur Kultur diabolique, avec leur haine, au mépris de
tout ce que l’humanité devrait avoir de grand et de noble. Et l’humanité tout
entière en recevant comme une éclaboussure, et les gens de cœur en conçoivent
un immense chagrin en songeant que des êtres comme eux aient pu descendre si
bas, en songeant surtout que des Français aient pu s’associer à la sinistre
besogne de ces policiers devenus tortionnaires.
Après l’identification possible, les morts sont
déposés dans les cercueils venus de Saint-Brieuc.
Au cours de la journée, nous avons noté la présence
des personnalités suivantes : MM le colonel Golhen, commandant de
subdivision ; le colonel commandant le 71e d’infanterie et
le lieutenant-colonel adjoint ; Fantome, procureur de la République ;
le chef d’escadron de gendarmerie Bouller ; deux officiers de la Sécurité
Militaire américaine ; Vergne, commissaire spécial ; le docteur
Despas, de St-Brieuc, délégué de la « Défense de la
France » ; Le Picard, responsable du Front National pour le
secteur ; Mlle Christiane, du Front National, etc.
La nuit vient lentement. L’assistance se retire du
lieu maudit où tant de fils de France ont payé de la plus atroce des morts leur
dévouement à la Patrie.
Liste des corps qui ont pu être identifiés.
Emile Urvoy, de Plouguenast ; Francis David, de
Plouguenast ; Felix Veillet-Deslandelles, de Moncontour ; Jean
Pinaut ; Jean Scio, de Reims, refugié à Hénon, Robert Hanus, de
Flavreuil ; Fada Pascal, parachutiste ; Dieulesaint Louis, de
Moncontour ; Jules Lemeur, de St-Brieuc ; Mme Couélibo et ses deux
jeunes filles de Hénon ; Christophe Mireille, de Saint-Brieuc ;
Jégourel, de Saint-Caradeux jeunes filles, de Hénon : guenast ;
Jean-Baptiste Uurvoy, de Plouguenast ; Henri Bourges, de
Plouguenast ; Collin Roger, de Pordic ; Eveno, de
Saint-Nicolas-du-Pellem.
Neuf corps restent à identifier.
En attendant les obsèques nationales qui auront lieu
le vendredi 3 novembre, à 10 heures à l’Hermitage-Lorges, les corps sont
exposés à la gare de Ploeuc-l’Hermitage, où une chapelle ardente a été
installée.
A ces 28 morts, nous avons dit, il faut ajouter les 6
autres découverts précédemment et dont les corps ont déjà été inhumés.
Images prises
Les Forges
22150 L'Hermitage-Lorge
Regardez ma vidéo sur Youtube
"L'Abbaye de Beauport"
https://youtu.be/MU5JH8a3_Ow
Paru le 11 janvier 2016
http://www.edilivre.com/l-abbaye-de-beauport-jose-maria-gil-puchol.html
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