vendredi 31 décembre 2021

L'île de Bréhat.

 

 

 

Île de Bréhat.

Pour la réalisation de cet article, j'ai choisi un texte de Victor-Eugène Ardouin-Dumazet (1852 - 1940), journaliste dans un premier temps né à Viziville dans l'Isère. Il a travaillé dans L'Echo du Nord dans La Charente et dans Le Temps. Son premier roman, Brigands de Braconne voit le jour en 1886. Puis, il a réalisé le tour de la France rurale et industrielle pour écrire ses expériences dans son ouvrage Voyage en France, une série qui a occupé soixante-dix volumes rédigés entre 1893 et 1921. Doué pour l'observation, la description et l'analyse, M Ardouin-Dumazet nous introduit à la première personne dans une France profonde qui n'est pas loin de nous aujourd'hui. 

 

Dans son cinquième volume paru en 1896, M Ardouin-Dumazet raconte sa visite à l'île de Bréhat. Voici ses sentiments [1].

 

 

Port de Paimpol.

 

"Le chemin qui conduit à la pointe de l’Arcouest permet de distinguer tous les détails de ces abords de Paimpol. On sort de la ville en longeant le port pour gagner une route exquise, très fraîche, ombragée de hêtres et de chênes. 

 

Vue des rochers depuis les falaises à Ploubazlanec.

 

Le paysage est fort varié : entre les collines verdoyantes surgissent des mamelons rocheux couverts d’une nappe rose de bruyères ; sur l’un de ces monticules on a construit une tour surmontée d’une statue de la Vierge et refermant à l’intérieur une chapelle. Cet édifice doit être récent, cependant il est délabré, les portes sont disloquées, les abords sont souillés. Ce n’est point manque de respect pour les lieux saints sans doute ; il est évident que ces populations, si peu soucieuses de la propreté aux abords de leurs maisons, ne doivent guère y songer pour leurs monuments sacrés. 

 

 

l'île de Saint-Riom et la chapelle de la Trinité à Ploubazlanec.



Anse de Launay et l'île Blanche.

 

 

Un escalier donne accès sur la plate-forme de la tour d’où l’on a une admirable vue sur la mer, les îles et le littoral déchiqueté des Côtes-du-Nord. A voir ces débris de terres au milieu des eaux et ces indentations profondes, on admet que le continent était beaucoup plus étendu autrefois ; la mer a rongé toutes les terres peu résistantes, laissant débout les roches de granit les plus dures. En même temps, un affaissement du sol a dû se produire, le sommet des collines les plus élevées reste seul à la surface ; ainsi le grand Léjon, au large de Saint-Brieuc, est le « témoin » d’une terre disparue. Devant Paimpol une infinité de roches sont les débris d’une chaîne de collines. Au milieu des sables et des vases une presqu’île est restée, c’est la péninsule de Guilhen (Pointe de Guilben aujourd'hui), très verte, abritant l’anse de Beauport, où sont les restes de l’abbaye de Beauport, jadis fameuse. Plus à l’est, une ligne d’îlots étroits mais se dressant orgueilleusement en pyramide haute de 50 mètres, les MÂTS DE GOËLO, le mez de la carte, semble prolonger la pointe de Guilhen. Lemenez, les Mâts, le Tourel, forment là un petit archipel isolé de belle allure. 

 

Abbaye de Beauport.

 

  

Vue de la plage de Launay à marée basse.

 

Sur la grève, des navires sont échoués sur le sable, d’autres sont ancrés sur la rade de Saint-Rion. Les premiers chargent leurs marchandises, des pierres de carrière et prendront le large à la pleine mer, les autres sont des goélettes revenant d’Islande et attendant là que les ordres de Bordeaux, de la Rochelle, de Nantes, de Port-de-Bouc ou de Marseille leur demandent d’apporter leur cargaison. Ces petits navires morutiers, robustes et élégants, égaient la rade et ce paysage grandiose main un peu sévère. 

 

Porz Even: Pêcheries à Ploubazlanec.

 


 

Croix des veuves à Ploubazlanec.

 

 L’île de Saint-Rion les abrite de la houle du large. C’est une terre longue de près d’un kilomètre, formée d’une colline assez haute et d’un éperon de rochers déchiquetés. A sa pointe ouest sont quelques maisons bâties sur les rochers, de vertes cultures montent jusqu’au sommet. 


 

Chemin vers la chapelle de la Trinité.

 Nous descendons de la tour pour reprendre la route ; celle-ci traverse le bourg de Ploubazlanec aux beaux jardins et descend bientôt en surplombant la vaste grève qui porte le nom bizarre de Launay-Mal-Nommé. Est-ce parce qu’il n’y a pas d’aulnes dans cette aulnay ? De ce point les innombrables écueils qui vont de la pointe de l’Arcouest aux Mâts de Goëlo semblent fermer complètement l’anse de Paimpol. 

 

Vue de Launay-Mal-Nommé.

 

 

L'île de Saint-Riom.


 

 

Vue de Bréhat depuis l'Arcouest.

 

Tout à coup, à un détour du chemin, apparaît cet extraordinaire estuaire du Trieux, vaste mer semée de rochers par centaines, verts, roux ou noirs, faisant cortège à l’île plus grande de Bréhat, portée sur un massif de roches rouges lavées par les vagues ; des crêtes vertes, des bras de mer éblouissantes, des villages aux toits rouges. Le panorama est plus grandiose encore que celui de Ploumanac’h, mais les rochers ont des formes moins extravagantes. 

 

 

L'Arcouest.
 





En face, l'île de Bréhat.



Des chaloupes font office de bac entre l’Arcouest et Bréhat ; on embarque sur une petite cale, le vent et le flot aidant on a vite traversé la rade de Bréhat. A peine a-t-on le temps de distinguer, au-delà du petit détroit de Kerpon aux eaux profondes, l’île de Raguenez, l’île de la Chèvre et la terre plus vaste, bien cultivée, possédant quelques maisons, de Biniguet. Biniguet, l’île Bénie, est un mamelon de 700 mètres de longueur sur 200 à 500 mètres de large ; elle fait face à l’une des parties les plus accidentées de Bréhat. 





 

 

Vedettes faisant le trajet entre l'Arcouest et Bréhat.

 

 

Phare face à l'île de Bréhat.

Le bateau ne va pas dans le Kerpont, il entre dans une baie profonde de 500 mètres, large de 200, annoncée par des tourelles et des balises et qu’on appelle le Port-Clos. Cette petite anse semble très fermée, en effet, entre des collines hardiment découpées ; par les vents du nord et de l’ouest, le Port-Clos, où il n’y a jamais moins de 2,50 mètres d’eau à basse mer de morte-eau, est un excellent abri ; mais quand les vents du sud et de l’est soufflent, la houle et le ressac sont très violents. 

 

 

Voiliers autour de l'île Blanche.

Aujourd’hui, le temps est calme, la petite baie est comme d’l’huile. Elle est charmante avec ses rochers et sa verdure. En vain les coteaux affectent un aspect tourmenté, il y a tant de fraîcheur autour d’eux, tant de pelouses et d’arbustes sur leurs flancs qu’ils ne peuvent se faire prendre au tragique. 

 

Entrée au port de Bréhat à marée basse.

 

On débarque sur une cale inclinée conduisant près du hameau de Kerrio, d’où un chemin aboutit au village central, heureux village aux blanches maisons entourées de grands arbres et de jardinets fleuris ; une petite église domine la baie de la Chambre. Cela rappelle, avec je ne sais quoi de plus pimpant, les paysages de l’île aux Moines dans le Morbihan. 

 

Débarquement à Bréhat sur la cale 3 à marée basse.


  

Des abords du village on découvre toute la Chambre. Cette petite baie ressemble fort à celle du même nom qu’on rencontre aux Glénans. Évidemment une pareille disposition des roches et des flots autour d’un vaste espace de mer a fait naître le même nom ; c’est bien dans une « chambre » que les navires sont enfermés. Mais la Chambre de Bréhat est moins âpre, la verdure de l’île, le lierre et les broussailles qui enveloppent les rochers, les constructions de l’île Logadec, terre presque aussi vaste que Biniguet, les falaises de l’île Lavrec, le mamelon de l’île Raguenec, les îlots rocheux qui les relient ont plus de couleur et de vie que les blocs dénudés de la Chambre des Glénans. La Chambre de Bréhat, à marée basse surtout, quand l’intérieur est une sorte de prairie de goémon accidentée, est un des coins les plus curieux de nos côtes. 

 

 

 
 
Port de Bréhat à marée basse.

 

 

Le sol est cultivé jusqu’au bord de la mer. La moisson est faite de façon primitive ; seules les femmes y travaillent, car les hommes sont à la mer. Les épis, les chaumes restent dans les champs, très hauts ; quand le blé est rentré, les femmes reviennent au champ, se mettent à genoux et arrachent les tiges avec les racines. De la sorte toute la paille est recueillie. Le sol n’y perd pas d’humus, on lui rend abondamment en goémon ce qu’on lui a enlevé.  

 

 

Port de Bréhat à marée basse.

 


Près du hameau de Gardenno, les rochers deviennent plus beaux encore : ils se dressent en obélisques, en dômes, en masses superbes. Le chemin court entre ces granits, bordés de maisons très propres que précède un jardin fleuri ; mais si l’on fait le tour, on voit, plaquée au mur, la bouse de vache qui sèche en vue d’alimenter les foyers. L’île manque de bois de chauffage. 

 


 

En face de la très petite île Séhères, la côte s’infléchit, une baie se creuse et le sentier longeant le rivage conduit à une chaussée dont chaque côté est battu par la mer. A l’est s’ouvre un nouveau bassin, moins encombré de rochers que celui de la Chambre, c’est la Corderie, le plus grand havre de l’île, véritable fjord, long de 1.900 mètres, dont l’entrée, rétrécie entre deux rochers, atteint à peine 100 mètres ; il s’élargit ensuite à 200 mètres pour se bifurquer en deux anses ayant chacune 300 mètres. C’est un abri excellent, mais le vent d’ouest y ramène la houle. Toutefois, il est assez sûr pour que les ponts et chaussées y aient établi leur dépôt d’ancres, de chaînes et de bouées et pour qu’une petite usine à traiter le goémon s’y soit installée. Ce port naturel est fort joli, sur sa rive méridionale, couronnant un piton aigu, une chapelle à toit rouge commande le passage.

 

Granit en mémoire de Louis Guillou, écrivain breton.

 

Sans la chaussée qui borne sont extrémité orientale, la Corderie mêlerait ses eaux à celles de l’anse de Séhères, Bréhat serait ainsi divisée en deux îles d’égale grandeur : même la partie nord se répartit en deux fragments réunis par un isthme de galets.

La chaussée est entre deux petits hameaux formés de riantes maisons, dont un possède une petite chapelle. Peu d’habitants dans les ruelles, les hommes sont à la mer, les femmes aux champs. A en juger par les débris de cuisine, on doit vivre surtout de coquillages ici : il y a de chaque côté de la chaussée des prodigieux amas de coquilles de berniques et d’ormeaux ; sous le soleil, les faces irisées de ces dernières ont un éclat qui les décèle de loin. Il y a là une perte assez considérable pour le pays : l’ormeau ou oreille de mer a une certaine valeur industrielle, les Anglais utilisent la nacre pour faire des boutons, une grande partie de ces coquillages employés à Londres proviennent de nos côtes de Bretagne, qui expédient ces mollusques à Jersey où on les consomme en quantité. 

 

Seulement des petits véhicules circulent dans les rues étroites à Bréhat.

 

La partie nord de l’île où l’on aboutit est moins peuplée que la péninsule du bourg, on n’y trouve que de rares villages, plus pauvres ; les cultures sont moins nombreuses aussi. C’est un plateau élevé, aux formes trapues. Un moulin et le sémaphore en couronnent les deux plus hauts mamelons. Du sémaphore la vue est immense : toute l’île apparaît avec ses fjords, ses obélisques de granit, ses hameaux rouges. Sur la mer, le regard est d’abord arrêté par l'île Modez qui, avec les roches voisines marque l’entrée de la rivière de Trieux. Entre Bréhat et Modez le chenal est large et profond. Cette petite île a une longueur de 800 mètres et une largeur de 200 ; elle est échancrée par de petites anses qui rétrécissent la partie cultivable, elle renferme cependant une métairie et des cultures assez vastes. C’est, d’un petit archipel secondaire qui occupe la rive gauche du Trieux, la terre la plus éloignée du continent. A l’endroit où le fleuve échappe aux collines pour se frayer à mer basse un chenal dans les sables et les vases est l'îlot appelé Île a Bois, qui allonge sur 910 mètres de longueur et 300 de largeur une croupe irrégulière. En arrière, à une petite distance du rivage, est l'île de Coalin. 

 

Dans la partie nord se trouve le phare du Paon.

 

Au-delà de Modez un étroit flot porte le nom, si commun dans ces mers, d’île Vierge ; d’autres écueils, Roch ar Liorzo, l'île Blanche, parsément la baie jusqu’au sillon de Talbert, cette étonnante flèche de galets retroussés par les vagues entre le Tréguier et le Trieux et qui offre aux navires une sorte de môle les abritant des vents d’ouest en attendant la marée pour monter dans le Trieux. Le sillon de Talbert, les roches qui le continuent au large ont reçu des marins un nom bien expressif, ce sont les Épées de Tréguier. Au-delà de la pointe des Épées, le plateau de roches des Héaux de Bréhat parsème la mer, autour de la haute et mince tour du phare. 

 

 

Nordest de Bréhat. Autour du phare du Paon.


Dans le nord-est, la mer présente encore quelques rochers, pointant au-dessus de plateaux sous-marins : Ringue-Bras, Men-Marc’h, les Échandés, la Horaine. Mais, au nord, elle est complètement libre. Il faut fixer longtemps l’horizon pour apercevoir le phare des Roches-Douvres, se détachant comme un fuseau de vapeur.

Le sémaphore possède encore un petit jardinet où croissent des choux et d’autres légumes ; au-delà, plus rien ; l’île, si riante dans son autre partie, devient sauvage. Les roches n’ont qu’une couche mince de terre végétale, recouverte de fourrés bas d’ajoncs et de bruyères ou de pelouses d’une herbe courte. Au-dessus des anses qui festonnent la côte, une ligne de petites tours ou plutôt de larges guérites en pierre furent sans doute des observations au temps des incursions anglaises. 

  

 

Rempe d'accès au phare du Paon.


 

 

Phare du Paon.

 

 

Une anse se creusait ici, la mer l’a fermée par un sillon d’énormes galets, le fond de la petite baie est devenu un marais salin séparé de la mer, à l’est, par un autre sillon qui réunit au corps insulaire la troisième île de Bréhat, ce qu’on pourrait appeler la presqu’île du Paon, le nom d’un rocher célèbre. Celle-ci est absolument sauvage. Le plateau n’est couvert que d’ajoncs et de gazons paccagés par les moutons et dont les mottes sont exploitées pour le chauffage. Des traces de batteries indiquent les anciennes défenses de l’île, un amas de superbes roches rouges semble les avoir remplacées, c’est comme une formidable citadelle, aux remparts à pic, aux parapets menaçants. Au-dessus de ce massif la tour blanche d’un fanal est campée comme un donjon. 

 

Sculpture de Saint-Riom et restes de la chapelle.

 

C’est le rocher du Paon, célèbre en dehors de Bréhat, et peu soupçonné dans l’île. On prétend, dans les Guides, qu’un des rochers soulevé par la mer montante retombe en faisant : Pan ! d’où le nom de paon ou pan. Les gardiens assurent qu’ils n’ont jamais ouï le phénomène. Mais si l’on peut éviter d’aller chercher ici la surprise d’une enclume de syénites et de porphyres rouges très durs, étrangement érodés et découpés par les vagues, mérite une excursion, il est d’une grandeur majestueuse ; même si l’on a déjà vu Ploumanac’h et les côtes voisines, on reste frappé par la beauté sauvage de ce site. 

 

Place du Bourg.

 

Sauvage, tout l’est ici, les choses et les hommes. Pas de hameaux, des masures isolées, véritables taudis. Évidemment cette partie de la population vit surtout de pêche et d’épaves et le manque d’abri contre les vents d’ouest rend la culture impossible. Cependant, autour d’une source abondante, près de l’isthme, sont quelques champs d’où l’on a une vue fort belle sur une vaste baie remplie d’aiguilles de rochers et de petits flots dont le plus important est Ar Morbil. 

 

Entrée aux verreries de Bréhat dans la citadelle.

 

 

Atelier de la verrerie.

 

Le paysage change dès qu’on a atteint de nouveau la seconde presqu’île ; les cultures deviennent nombreuses, un joli chemin les traverse, des maisons vastes et propres sont égayées par des fleurs. Bientôt on rejoint le bourg ; il était calme tout à l’heure, le voici bruyant et animé, la petite colonie de peintres qui séjourne dans l’île est à table, dans les deux ou trois auberges, et les éclats des discussions esthétiques emplissent le placide village. A cet élément l’on doit sans doute l’enseigne de cabaret, en fer forgé, simulant une hallebarde, placée sur une maison de l’île. Cela gâte un peu Bréhat. Peut-être les rapins et les yachtsmen veulent-ils étonner les gens du pays, on pourrait se croire dans les cabarets de Montmartre. 

 

Restaurant à Bréhat.

 

A déjeuner nous devons subir une discussion sur les mérites comparés des diverses écoles d’art et de littérature. Le réalisme tient la corde dans ce milieu. Un peintre ayant émis quelques aphorismes bien sages et pondérés, une dame indignée lui crie :

-Mon cher, je vous croyais intelligent, et vous ressemblez à Sarcey !

La bonne versait du cidre, elle a contemplé l’interpellé avec une horreur profonde ; elle ignore évidemment M Sarcey et doit croire qu’il s’agit d’un grand criminel.

Dans le jardin de l’auberge, où des tables sont dressées, même colloques.

-Oui, crie une voix de basse profonde, toute votre littérature ne vaut pas ça. – Et l’on entendait une tape retentissante. – Aucun de vous ne m’a donné encore la sensation de cette phrase d’Homère :

« La nuit tomba du ciel et les chemins s’emplirent d’ombre. »

 


 

 

Moulin à marée du Birlot. XVIIè siècle.

 

Les rires accueillirent cette profession de foi, ponctués par le bruit des couteaux frappant sur les verres et sur les assiettes, comme pour conspuer Homère. Yvonne, la petite Hébé qui versait le cidre, a dû associer M Homère au coupable M Sarcey.

Toutes ces folies se débitent – oh ! l’été seulement – sous la vaste ramure des ormes et des figuiers noueux, dans un cadre exquis de grandes fleurs roses, de lauriers et d’autres plantes méridionales, éclairé par un ciel d’un bleu doux. 

 

Eglise Notre-Dame de Bonne Nouvelle à Bréhat.

 

Et sur le chemin passent, ombres silencieuses, les femmes de l’île revenant des provisions ; le bruit ne les arrête pas un instant ; elles ont à gagner leur rude existence : en dépit de l’heureux aspect de Bréhat, la vie est dure pour cette population, nourrie presque exclusivement de pomme de terre que le sol, il est vrai, produit abondamment et de coquillages recueillis à mer basse. Le pain est préparé dans les maisons, il n’y a pas de boulanger ; le pain de 10 livres venant du continent y coûte 30 sous ; 21 seulement à Paimpol, me disait avec regret un des gardiens du sémaphore ; le bois vaut à la côte 22 à 23 fr la corde, il en coûte 30 dans l’île ; on ne produit pas ou presque pas de beurre. L’île n’a ni médecin, ni sage-femme ; il en coûte gros de les faire venir de Paimpol, encore pendant les mauvais temps ne peut-on faire la traversée. 

 

Bureau de la Poste à Bréhat.


 

 


 

 

Ces doléances sont celles des rares habitants non originaires de l’île, humbles fonctionnaires auxquels l’État n’alloue pas de suppléments de salaire. La population native, habituée de longue date aux privations, ne s’aperçoit guère de ces choses. Elle fait corps avec son rocher, elle a plié sa vie aux ressources qu’il donne. Les marins, il est vrai, ont dans la grande pêche pour les armateurs de Paimpol une existence assurée, tant que les mers du Nord ne les emportent pas dans une de leurs colères. 

 

Entrée au port de Bréhat à marée basse.

 

Voilà en quoi on se prend à songer pendant que les esthètes en rupture de Montmartre et du Quartier-Latin ratiocinent sur des questions dont l’intérêt final est assez nébuleux.

Avant de quitter Bréhat, je vais parcourir la rive sud de la Corderie. Cette partie de l’île faisant face au gros hameau de Kenarguillis et à la pointe de Rosido, éclairée par un petit phare, est la plus pittoresque de l’île ; le piton élancé qui porte la chapelle est entouré de belles cultures, les arbres y prennent, de loin, l’aspect de bois ; des sommets on a une jolie vue sur l’île de Biniguet, sa petite voisine l’île Tréouézen, dont nous sépare le chenal de Kerpont, véritable fleuve marin et la petite île Verte. On va ainsi par des chemins ombrageux, sinueux, montant ou descendant jusqu’à la pointe du Crech-Gueit, où reste encore debout une batterie aujourd’hui sans valeur. Crech-Gueit domine l’entrée de Port-Clos, où nous embarquons sur une des chaloupes. On ne quitte pas sans regret cette riante et curieuse terre de Bréhat, la plus verte et la plus fleurie de toutes nos îles – après l’île aux Moines du Morbihan."

 

Vue panoramique de Port-Clos de Bréhat.

 

 


 

 


Images prises 

  le 2 août 2007, le 5 juin 2016 et le 24 septembre 2021 
à Paimpol, à Ploubazlanec et  à Bréhat.

 

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2021©José María Gil Puchol Productions 

 

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Une abbaye maritime bretonne.

Paru le 11 janvier 2016


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Pour le texte consulté: 

[1]Ardouin-Dumazet, Victor-Eugène (1852-1940). Voyage en France.... « Îles françaises de la Manche et Bretagne péninsulaire. » Tome 5. Berger Levrault et Cie, Éditeurs. Paris. 1896. BNF GALLICA.