-A.jpg) |
Phare datant du XXe siècle.
Juillet 2013. |
« Le
cap Fréhel, le géant des parages, est là, sentinelle avancée, qui
fouille, des feux intermittents de
son phare, les immensités houleuses et terribles. Il dresse, haut
sur la mer, son plateau granitique, au
prolongement interminable, aboutissant pourtant à une coupure
brusque et droite. C'est, du côté de la terre,
le dernier plan du tableau. Peinture à grands coups de couteau,
peinture brutalement
pourtant forte et précise ».
 |
Vue vers l'est.
Le rocher des goélands.
Juillet 2013. |
« L'immense
baie de Saint-Brieuc s'arrondit harmonieusement, comme attentive à
former un bel ovale.
Du côté du Val-André, d'Erquy, dont les groupes de maisons
apparaissent comme des taches blanches,
des éclaboussures de crème et de lumière, la côte forme le
demi-cercle exact, jusqu'à la rude arête précise du cap Fréhel.
De l'autre côté, ce sont des successions de collines aux épaules
égales, vous cachant Binic, Portrieux, Saint-Quay, et conduisant
votre regard jusqu'aux élévations de terrain qui dominent Paimpol.
L'impression ressentie est celle de la grandeur. mais surtout celle
du rythme, de la belle ondulation semblable à une respiration d'être
sain. Dans cette coupe offerte et tendue par la terre, la mer écume,
bondit, roule, chante, étincelle. Et, tandis que, loin derrière
vous, les cloches de Saint- Brieuc commencent à sonner l'Angélus
pour vous rappeler que l'homme existe, vous voyez de grands nuages
roses, ou de fines, de longues écharpes d'or se déployer dans le
ciel, avant qu'il se change en un pastel de cendre, en une pluie de
lilas. puis se fonde dans du bleu irréel, au-dessous duquel celui de
la mer redouble de vigueur, de profondeur mouvante, de profondeur
tumultueuse et passionnée ». [Charles
Fuster (1866-1929) in « Bretagne, heures vécues ». Paris
1904].
-A.jpg) |
Vue vers l'ouest.
A Cap Fréhel, on s'assoie pour regarder
la beauté du paysage.
Juillet 2013. |
Cap Fréhel!!! Lieu d'inspiration, romantique, rude, solitaire,
nostalgique, sublime, sportif, merveilleux... est un promontoire où abondent
les roches affûtées, les champs de landes, les massifs dunaires et
les vasières sur un terrain de 400 hectares. Balayé par les vents,
ce site constitue le plus grand ensemble de landes primitives
littorales sur toute la côte atlantique. Sur le Cap Fréhel ont peut
voir la mer à 70 mètres sur les falaises de schiste et de grès
rose, offrant l’une des plus belles vues de Bretagne. C'est un
véritable site d’exception, car réserve ornithologique, entre
ajoncs et bruyère. Si on suit le sentier des douaniers vers l'est,
nous arrivons à Fort-la-Latte, célèbre château médiéval où
Kirk Douglas et Tony Curtis tournèrent le film « Les Vikings »
en 1958 sous les ordres de Richard Fleischer [voir mon article sur
« Fort-la-Latte].
 |
Cap Fréhel le jour du départ de la Route du Rhum 2011.
Technique HDR. |
Ce bout de terre à 70 mètres d'altitude est l’un des plus
impressionnants sites de la région. Surplombant une mer d’émeraude,
battu par les vents, le cap Fréhel enchante par sa beauté et ses
couleurs contrastées. Ses falaises, à pic comme des murailles,
abritent des centaines d’oiseaux nicheurs. La liste peut être
longue, et voici quelques uns de ces oiseaux fournis par
François-Gille-Pierre
Manet (1764-1844) [in
« De l'état ancien et de l'état actuel de la baie du mont
Saint-Michel et de Cancale, des marais de Dol et de Châteauneuf, , et
en général de
tous les environs de Saint-Malo et de Saint-Servan, depuis le cap
Fréhel jusqu'à Granville. » Paris 1829.]
:
-A.jpg) |
Les amateurs de la nature peuvent bien
figer les goéland qui se prêtent bien
à se faire prendre en photo.
Juillet 2013. |
« Tant
de jour que de nuit, la caille, la grive, la pie, le friquet ou
moineau des champs, le moineau de muraille, le mauvis, la sarcelle,
la corneille, le corbeau, le geai, la linote, le pinçon, le loriot,
le pivert, le merle, la perdrix, la tourterelle, le pigeon,
étourneau, le martin-pêcheur, le pouillot, le pluvier, le râle,
le rossignol, le cul-blanc ou molleux, le vanneau, la mésange, le
verdier ou bruant, la fauvette, le coucou, la bergeronnette ou
lavandière, dite aussi hochequeue, l'oie, le canard, le coq, le
dindon ou coq-d'Inde, le grimpereau, la hupe, la pintade, le paon, le
biset ou pigeon sauvage, la traie, la bécasse, la bécassine,
l'oiseau Saint-Martin, l'alouette commune, l'alouette huppée ou
cochevis, la calandre ou grande alouette (qui a le talent d'imiter le
chant d'autres oiseaux), la corneille cendrée ou mantelée, le
serin, le choucas, le chardonneret, le tarin, le ramier, le
bec-croisé, le bouyreuil ou pivoine, le sansonnet, le gorge-rouge,
l'hirondelle, le martinet, la gelinotte, le gros-bec, la grisette
ou fauvette grise, la foulque commune ou poule d'eau, la
chauve-souris , la buse ou lanier (dite aussi bondréè), la
pie-griêche, la frésaie, le duc, l'émérillon, l'épervier, le
hibou, la chouette, l'orfraie, le roitelet ou troglodyte (appelé
encore berruchet), l'émouchet ou cresserelle, le bihoreau, et autres
puissances des airs ».
-A.jpg) |
Ajoncs à Cap Fréhel juillet 2013. |
Les amoureux de la nature seront comblés, car le cap offre de mai
à octobre une très grande variété de couleurs. Le jaune de
l’ajonc, le rose de l’armorie au printemps, le violet des
bruyères en été… Les oiseaux marins se trouvent par centaines,
tels le cormoran huppé, le goéland argenté…, et le très rare
pingouin torda. Ce n'est pas difficile de les apercevoir, car une
vingtaine nichent dans les falaises.
 |
Cap Fréhel le jour du départ de la Route du Rhum 2011.
Technique HDR. |
Là, par temps clair, on peut jouir d'un très beau panorama
sur la côte, surtout lors du coucher du soleil. A l'est, le
Cotentin, les îles de Jersey, le célèbre Fort-la-Latte et la
pointe du Grouin ; à l'ouest, Saint-Brieuc, Paimpol et l'île
de Bréhat. Le cap doit son nom à la commune de Fréhel, créée en
1973 comme résultat de la fusion des villages de Pléhérel et de
Plévenon. « Plé » étant l'évolution du mot breton
« Plou », ce préfixe signifiant « village »,
les deux communes furent fondés au Ve siècle par des Bretons
provenant d'outre-Manche qui s'appelaient Hérel et Venon. [Voir
guide Micheline].
 |
Plage de Les Sables-d'Or-les-Pins.
Au fond, Cap Fréhel. 2009.
Technique HDR. |
Le site naturel du Cap Fréhel, qui se trouve sur la Côte
d’Émeraude, ne se distingue seulement par son esprit sauvage, ses
falaises de grès rose abruptes et ses landes, mais aussi par ses
belles plages et le château médiéval de Fort-la-Latte. Sans aucun
doute, est l'un des plus beaux sites de Bretagne car ses falaises
sont particulièrement impressionnantes. Ses landes d'ajonc et de
bruyère tapissent le sol sur 400 hectares, créant un tapis de
couleurs formé de bruns, dorés et violets.
 |
Château de Fort-la-Latte. 2009.
Technique HDR. |
Si vous voulez aller à pied jusqu'à Fort-la-Latte, empruntez le
sentier côtier jusqu’au fort. Après une balade de 1h30, vous
arriverez à ce beau monument médiéval, dont la visite vaut
vraiment le détour. Vous pourrez visiter la chapelle, le corps de
garde et surtout le donjon. Vu du donjon, le panorama sur le paysage
environnant y est à couper le souffle. Édifiée au XIVe siècle par
les Goyon-Matignon [Voir mon article sur l'histoire de Fort-la-Latte
sur ce blog], cette construction eut à subir de nombreuses attaques
au cours des siècles. Ce site conserve toute son structure intacte
depuis ses origines : corps de garde, cour, pont-levis, chemin
de garde et chapelle, créant un ensemble exceptionnel. Si on
continue à pied vers le parking, on arrivera au menhir appelé Doigt
de Gargantua.
-A.jpg) |
Site classé "Espaces naturels sensibles".
Juillet 2013. |
Ce site exceptionnel se trouve entre les communes de Plévenon et
de Fréhel dans les Côtes d'Armor et a été déclaré lieu du
patrimoine naturel de Bretagne. Sur ce point de la côte, ce
promontoire formé de grès rose rentre dans la mer à 70 mètres
d'altitude. Cette belle terre aérée par des forts vents a une
grande importance sur tout le système géographique et climatique de
la région. Il est entre deux villes importantes : à l'est, la
baie de Saint-Brieuc, sur le Canal de la Manche., et le golfe de
Saint-Malo à l'ouest. Les principaux moteurs de l'économie locale
sont la pêche, l’aquaculture, l’agriculture et le tourisme.
Quatre ans furent nécessaires pour construire le phare du Cap Fréhel
qui a 33 mètres de haut. Les travaux commencèrent en 1946 jusqu'à
1950. Son feu est émis par une lampe halogène de 1000 W et brille
de 2 éclats blancs toutes les 10 secondes. Il a une portée
d'environ 53 kilomètres. Par temps très clair, on aperçoit l'île
de Bréhat, une partie du Cotentin et l'île Chausey. A 400m du
phare, une sirène émet par temps de brume un groupe de deux sons
toutes les minutes.
-A.jpg) |
Cap Fréhel appartient
à la commune de Plévenon.
Juillet 2013. |
Le prestige et la beauté du Cap Fréhel sont dus à la propre
qualité naturelle du site et, bien sûr, à l'effort des groupes
engagés dans son évolution. Des associations, telles le Syndicat
Mixte, prennent en charge l'entretien du site afin de le mettre en
valeur constamment. Ce syndicat mixte est appelé Grand site cap
d’Erquy - cap Fréhel et est géré par une collectivité locale
depuis 1992 à l’initiative du territoire. Les orientations et le
programme d’actions sont définis par les élus des communes de
Plévenon et de Fréhel, de la communauté de communes Côte de
Penthièvre (Erquy, Plurien, La Bouillie, Pléneuf-Val-André,
St-Alban, Planguenoual), et du Conseil général des Côtes-d’Armor.
Pour la préservation du patrimoine naturel et du paysage, le
Syndicat développe une politique ambitieuse d'espaces naturelles
sensibles, de préservation de l'espace littoral et des rivages. Les
travaux sont financés par le Conseil général, la Communauté de
communes Côte Penthièvre, les communes de Plévenon et de Fréhel
ainsi que par la Commission européenne, l’État et le Conseil
régional. Ces activités engagées par le Syndicat et protégées et
financées par les institutions publiques ont eu de très bons
résultats, aboutissant au dispositif Natura 2000, le portage de la
démarche « Grand Site » et l'éducation de
l'environnement. Un important programme d'animation est développé
chaque année afin de faire percevoir toutes les richesses
patrimoniales et identitaires de son territoire ; et dans cette
direction, le Syndicat mixte propose une offre d’animation
conséquente, déclinée pour différents publics (touristes,
scolaires, groupes de randonneurs, comités d'entreprises, seniors).
 |
Le premier phare bâti par Simon Garengeau
date du XVIIIe siècle.
Technique HDR. 2009. |
Nombreux sont les poètes qui ont consacré leurs sentiments à ce
beau site du Cap Fréhel. J'ai commencé cet article avec une
citation de l'écrivain Charles Fuster ; Gustave
Guillaumin consacre aussi un poème à Cap Fréhel [in « Heures
de loisir : poésies intimes ». Rennes 1894] . Pour
illustrer le sentiment inspiré par ce site remarquable, j'ai choisi
un poème rare de Josephe Rousse,
[in Chants de deuil. Nantes 1891]. Le voici :
LE CAP FREHEL
A
M. Julien Duchesne.
DEBOUT
comme un géant devant la mer immense,
Portant
à son sommet un phare aux feux tournants,
Ceint
de rouges rochers, le cap Fréhel s'avance,
Tantôt
voilé de brume, au milieu du silence,
Tantôt,
sous un ciel clair, assailli par les vents.
Formidables
rochers, superbe promontoire,
Quand
l'Océan bondit et lance autour de vous
Des
colonnes d'écume et d'eau grisâtre et noire,
Vous
semblez ignorer sa rage; la victoire
Ne
vous a rien coûté; vous méprisez ses coups.
Je
vous ai vus l'été. Chassant quelques nuages,
Le
soleil sur les flots semait des diamants ;
Les
galets bruns mouillés brillaient aux bord des plages ;
Dans
la haute falaise aux flancs nus, sans herbages,
Au-dessus
des pêcheurs nichaient des oiseaux blancs.
La
lande près de moi s'étendait sèche et plate.
Des
troupeaux y dormaient, sur le sol affaissés.
De
rares fleurs d'ajoncs paraient la terre ingrate.
Au
loin j'apercevais le vieux fort de la Latte
Et
des aigles planant sur ses toits délaissés.
Un
guetteur me montrait, en les nommant, les îles
Qui
de contours légers bornaient l'horizon bleu ;
Et
quand l'ardent soleil dans les vagues tranquilles
Plongea
son disque d'or, nos regards immobiles
Restèrent
éblouis sur ses traces de feu.
On
entendit tinter les cloches des villages.
Un
vent frais se leva sur la lande et les eaux;
Des
cormorans passaient jetant des cris sauvages ;
Les
ombres lentement couvrirent les rivages,
Et
le phare brilla pour guider les vaisseaux
 |
Regard ver l'est et Fort-la-Latte. 2011. |
Histoire du vieux phare du Cap Fréhel construit en 1887 par
Vauban.
Dès le milieu du XVIIe siècle, la construction d'un premier
phare primitif est envisagé à l'initiative des armateurs de
Saint-Malo. Étant donné l'importance de l'activité marine sur ces
côtes bretonnes, afin de guider les bâtiments la nuit, une lumière
était nécessaire aux pêcheurs de morue provenant de Terre-Neuve,
aux bâtiments antillais, ceux d’Amérique du sud ou des Indes,
ainsi qu'aux bateaux corsaires. Une tour circulaire de quinze mètres
de haut fut érigée sur le port de Saint-Malo où trois gros
flambeaux de suif et de térébenthine avaient du mal à brûler. Par
la suite, les circonstances montrèrent aux responsables la
difficulté d'entretenir en continu un feu qui devait dégager des
grandes flammes en plein air. En plus, ce grand feu devait être
visible de loin, en dépit du vent et de la pluie, nécessitait une
surveillance constante et une énorme quantité de combustible. Le
charbon était le seul combustible à produire une clarté suffisante
mais il fallait l'importer à grands frais d’Angleterre ou des
bassins du Nivernais.
 |
Phare construit par Simon Garengeau entre 1701 et 1702.
Technique HDR. 2009. |
Louis XIV, soucieux de compléter la défense de la côte et se
défendre des attaques de la flotte anglaise, proposa à Vauban de
construire un nouveau phare sur le cap à Fréhel. Il serait réalisée
par Siméon Garengeau (1647 -1741), ingénieur du roi à Saint-Malo,
entre 1701 et 1702. Il venait de finir les remparts de la cité et
avait bâti une demi-douzaine de forts sur la côte pour en renforcer
la défense.
Simon Garengeau était un architecte de tradition militaire et
appliquait les méthodes du Département des Fortifications de terre
et de mer. Pour la construction du nouveau phare à Fréhel, il
reprend exactement le modèle de la « tour à feu ».
Cette tour est à la fois phare et tour de guet, un modèle créé
par Vauban utile sur les points les plus dangereux de la côte
bretonne. Ce phare à Fréhel (aujourd'hui tout petit à côté du
nouveau construit au XXe siècle) est constitué d'une tour ronde et
d’un escalier à vis donnant accès à trois niveaux. Les magasins
et le logement se trouvent au rez-de-chaussée, le charbon,
au-dessus, le corps de gardes en temps de guerre et en haut le
gardien chargé d'entretenir le feu. Le brasier allumé se trouve
dans un réchaud en fer situé au sommet de la tour en maçonnerie ;
il brûle, à l’air libre, du bois et du charbon.
-A-2.jpg) |
Premier phare construit par Simon Garengeau entre 1701 et 1702.
Juillet 2013. |
François-Gille-Pierre
Manet (1764-1844) nous décrit le phare tel qu'il était à cette
époque « Ce promontoire ou acrotère, coupé brusquement et
à pic, domine avec majesté sur cette chaîne d'îles que nous avons
dit être les tristes restes d'un monde perdu [dû
à la tempête de 709 décrite par lui dans ce même ouvrage qui
ravagea le continent du Cotentin]. En 1687, fut projeté
sur sa pointe, aux dépens des habitants de Saint-Malo, le beau phare
que l'on y voit encore ; mais la construction de ce grand
candélabre n'eut lieu qu'en 1695. C'est un édifice en forme de tour
ronde, et exhaussé de 50 à 60 pieds au dessus du sol, qui n'a pas
lui-même moins de 163 pieds d'élévation pris du niveau des plus
basses mers. Son sommet, est couronné par une grosse lanterne à
réverbère, destinée à guider les navigateurs durant l'obscurité
des nuits; et qui présente son feu à 9 ou 10 lieues dans l'est, le
nord et l'ouest.
-A.jpg) |
Le Cap Fréhel en juillet 2013. |
On
y monte par un escalier à noyau pratiqué dans une tourelle
attenante à la tour principale, et de même hauteur. Cette tour
renferme un embas voûté, servant de magasin ; deux étages aussi,
voûtés, à l'usage du gardien, et a au pied une cour close, avec
quelques appentis. Dans le principe, l'entretien et l'illumination de
ce fanal furent à la charge des Malouins seuls; mais un arrêt du
conseil, du 21 avril 1717 régla que désormais, pour frayer à celte
dépense, un droit de deux sous par tonneau, augmenté depuis, serait
levé en général sur chaque vaisseau, barque, et autres bâtiments
pontés, tant français qu'étrangers, qui entreraient dans tous les
ports et havres de Bretagne et de Normandie, depuis ledit cap Fréhel,
jusques et compris celui de Regneville dans le Cotentin : ce qui
s'est constamment pratiqué jusqu'ici, à quelques variations près.
-A.jpg) |
Vue sur l'est.
Le rocher aux goélands.
Juillet 2013. |
C'est
des environs de ce cap que nous sont apportées ces belles pierres
d'échantillon dont on se sert à présent pour paver nos deux villes
[Dinard et Saint-Malo]. Ce sont de gros cailloux oblongs,
roulés et arrondis par la mer, et d'une espèce de granit rougeâtre.
On les brise en deux pour les employer, et on les place au parement
dans le sens de leur rupture. ».
[Manet,
François-Gille-Pierre (1764-1844). De l'état ancien et de l'état
actuel de la baie du mont Saint-Michel et de Cancale, des marais de
Dol et de Chateauneuf, et en général de tous les environs de
Saint-Malo et de Saint-Servan, depuis le cap Fréhel jusqu'à
Granville.1829. Pages 35-36].
Au XVIIIe et au début du XIXe siècles, le fanal, joue un rôle
stratégique essentiel ; les Anglais l'ont remarqué et dessiné
sur la carte lors de leur tentative de débarquement dans la baie de
Saint-Malo. La position avancée du Cap Fréhel dans la Manche est un
repère très important pour les navigateurs entre la baie de
Saint-Brieuc et la rade de Saint-Malo battues des vents, surtout
lorsqu'on veut accoster au grand port de commerce, dont l’accès
se fait d’ouest en est, entre les récifs.
-A.jpg) |
Nouveau phare avec un nouveau
système tournant installé en 1774.
Juillet 2013. |
La flamme alimentée par le charbon ne va pas durer longtemps car
des nouveautés vont bientôt arriver à cause justement du manque de
charbon. Cela sera l'origine de la première grande révolution
technique de l’éclairage des phares en 1774. Un nouveau système
sera installé conçu sur le modèle des réverbères utilisé pour
éclairer les rues ; il s'agit d'une lanterne vitrée qui
renferme soixante becs à réverbères où brûle de l'huile de
poisson ou autre. L’invention s'avère spectaculaire et simple
d’emploi et est dessinée à côté de la lanterne : un simple
réflecteur métallique est ajouté à chaque lampe munie d’un bec
à huile. Ces becs à réflecteurs sont disposés sur trois rangs
superposés éclairant les trois quarts de la circonférence tournés
vers la mer. Les feux, qui sont toujours fixes et éclairent
l’horizon d’une manière égale, sont souvent affaiblis par la
fumée qui reste sur les parois. Tout est essayé pour mélanger des
huiles diverses entre elles mais les mélanges improvisés ne donnent
pas les résultats positifs attendus !
 |
Gallion touristique le jour du départ
de la Route du Rhum en 2011.
Technique HDR. |
A cause des activités importantes sur les ports marchands,
quelques phares sont érigés dans u premier temps ci et là, mais à
partir du XVIIIè siècle, l'établissement de feux sur les côtes de
France est ressenti comme de plus en plus nécessaire. Sous la
Révolution et l'Empire, la signalisation maritime française se
centralise aboutissant à la loi du 15 septembre 1792 : la
« surveillance des phares, mers, bouées et balises »
devient une responsabilité du ministère de la Marine. Avec le
décret du 7 mars 1806 désormais rattaché au ministère de
l'Intérieur (Ponts et Chaussées) le service public des Phares et
Balises est né. Augustin Fresnel (1788-1827) en sera le premier
responsable devenant le secrétaire de la Commission des Phares. Il
sera célèbre pour avoir conçu le système lenticulaire.
-A.jpg) |
Regard vers l'ouest.
Les falaises à Cap Fréhel ont une
hauteur de 70 mètres.
Juillet 2013. |
L'
âge d'or de l'éclairage des côtes arrivera au XIXè siècle. Des
grands travaux seront engagés, soutenus par une organisation
généralisée, rationnelle et permanente de la signalisation
maritime : les anciens feux seront transformés et, dès 1840 et
jusqu'à la fin du siècle, sera entreprise la construction des
principaux phares des côtes françaises.
 |
Vue sur l'est.
Regarder la magnifique paysage à Cap Fréhel
est une activité de premier ordre.
Juillet 2013. |
A partir de 1793, c'est l’État qui prend tous les frais de
fonctionnement à sa charge : un entrepreneur privé assure
l'entretien, fournit l'huile de colza, de meilleure qualité, deux
gardiens et répare les bâtiments et l'appareil d'éclairage.
 |
Le goéland est la star à Cap Fréhel.
Il pose facilement pour les photographes.
Juillet 2013. |
En
1821,le système primitif est perfectionné et il devient tournant :
un mécanisme d’horlogerie installé permet d’obtenir sur
l’horizon un éclat long toutes les 135 secondes. L’intensité
lumineuse qui portait à 15 milles au large passe à 21. Le nouveau
réverbère est pourvu de huit grands réflecteurs paraboliques de 60
cm de diamètre.
Comme pour tous les phares de grande portée,
les réflecteurs sont remplacés par un appareil à lentilles conçu
par Fresnel. La nouvelle tour octogonale, haute de 22 mètres et
large de 3,40 m, destinée à supporter cette nouvelle optique plus
lourde, fait saillie sur la façade d'un bâtiment rectangulaire où
sont logés les gardiens. A côté, on garde l’ancienne tour
ronde.
L’appareil lenticulaire de premier ordre produit des
éclipses tous les 30 secondes et atteint une portée de 25,9 milles.
Le foyer est à 79 mètres au-dessus du zéro des plus basses mers.
En 1874, une nouvelle lampe à pétrole plus performante sera
installée, à cinq mèches concentriques.
-A.jpg) |
Regard vers l'ouest.
Cap Fréhel est classé site naturel sensible.
Juillet 2013. |
Pendant deux siècles, l'investissement a permis de franchir les
limites techniques de chaque époque. La signalisation est devenue de
plus en plus efficace dû au perfectionnement constant du phare du
cap Fréhel et aux progrès des techniques d’éclairage, notamment
grâce au passage du feu fixe au feu tournant.
A partir de
1882, le littoral français est doté de feux de grands atterrage et
éclairés à l'électricité. A Fréhel, les travaux engagés de
1884 à 1886 ne verront jamais le jour ; le phare ne sera pas
électrifié à cause du coût et un risque d’instabilité du
service.
A la fin de la seconde guerre mondiale, le phare fut
détruit par les Allemands et un nouveau phare fut construit en 1946.
Pendant les travaux, un feu fut installé sur la vieille tour à la
Vauban, toujours debout. Le phare actuel n'a plus besoin d'huile car
électrifié et est le quatrième à Fréhel. Il fut mis en service
le 1er juillet 1950.
-A.jpg) |
Les goéland posent pour les photographes.
Juillet 2013. |
Il est intéressant d'ajouter ici un récit de François-Gille-Pierre
Manet rapportant une tempête en 709 qui ravagea le continent du
Cotentin et submergea dans l'eau une grande surface de cette côte.
Cette
tempête de 709 fit disparaître tout sous les eaux, à l'exception
des montagnes qui formèrent des îles, et d'une portion de la forêt
entremêlée de prairies, qui fut encore épargnée pour un temps le
long
des côtes de l'Avranchin.
-A.jpg) |
Vue sur l'est et Fort-la-Latte.
Juillet 2013. |
«
La mer, qui en était à une grande distance, ayant enflé
graduellement ses vagues, abattit avec impétuosité ces bois dans
toute leur étendue, qu'elle réduisit à l'état d'une vaste grève...
»
Tandis
que l'ouragan changeait ainsi le cours du Couësnon, et faisait
passer sous le domaine de l'Océan presque toute cette portion de la
Baie qui dépend actuellement de la Normandie, la mer agitée
n'entra pas avec moins de brusquerie dans les canaux du Guyoul, et
fut exercer sur le reste de la plaine qui appartient aujourd'hui à
la Bretagne, tous les ravages dont elle est capable dans sa
violence. Elle gagna, par les paroisses actuelles de
St.-Benoît-des-Ondes et de la Fresnaye, jusque dans les marais de
Dol, qu'elle acheva de bouleverser complètement en 811, aux
approches de l'automne; délaya et rongea ceux de Cherueix, de
Sainl-Broladre, de Saint-Marcan, de Ros-sur-Couësnon, et de
Saint-Georges-des-Gréhaigne.
-A.jpg) |
Toujours du monde autour du Cap Fréhel.
Juillet 2013. |
Cependant
elle respecta encore à ces deux époques diverses portions de
terrain qu'elle a englouties depuis,
et que nous citerons en note.
De
son côté, tout le pays plat qui était en vue de la ville d'Aleth
n'éprouva pas moins que la baie du mont St.-Michel les tristes
effets de la marée de 709. On peut même assurer que le désastre y
fut considérablement plus grand, parce que ce territoire était
proportionnellement beaucoup plus peuplé que l'autre. Sa dislocation
commença par les environs du cap Fréhel, qui disparurent en un
moment. L'assaut des vagues emporta aussi presque au même instant
tout cet espace qu'occupent actuellement les grèves de Saint-Jacut.
Cette longue chaîne de rochers qui règne depuis la partie orientale
de Césambre jusqu'à la pointe du Mingar en Saint-Coulomb, se troua
ensuite en cinq ou six endroits, et donna passage à l'abîme. Enfin
les terres qui accolaient les deux bras de la Rance, s'enfoncèrent à
leur tour. Le nouveau déluge, à ce moyen, gagna rapidement l'entrée
de cette espèce
de bassin qui forme maintenant le port de Saint-Malo, et dont la
ville de ce nom, ainsi que celle de St.-Servan, font les deux flancs,
l'une au nord, l'autre au sud. Il y opéra une séparation d'environ
3oo toises dans sa moindre largeur, c'est-à-dire, depuis la partie
méridionale du Rocher-d'Aaron, jusqu'à ce nez ou bec opposé, qu'on
s'est accoutumé à écrire Nais ou Naye.
-A.jpg) |
Cap Fréhel et Fort-la-Latte au fond.
Un beau site pour garder
un beau souvenir.
Juillet 2013. |
Il
se porta ensuite, d'une part, dans ces prairies dites de la Hoguette
et des Joncs, qui bordent le grand chemin actuel conduisant de la
première des deux villes précitées à Paramé, et de l'autre, dans
toute celte étendue que nous connaissons sous les distinctifs de
Marais-Rabot, de Petit et Grand - Marais, etc., c'est-à-dire jusque
sous les hauteurs du bourg actuel de Paramé, du Tertre-au-Merle ou
montagne Saint-Joseph, de la Grande Rivière, et même de Frotu et du
Vallion, en tirant vers Château-Malo et Saint-Meloir.
La
Rance, qui n'était presque qu'un gros ruisseau depuis Aleth jusqu'à
Dinan, acquit, en cette même circonstance, une largeur et une
profondeur considérables jusqu'au-delà de Saint-Suliac, bourg presqu'à
mi-chemin de ces deux places. Le flot surmonta de 45 pieds
perpendiculaires, dans les marées d'équinoxe, le niveau de la plus
basse mer : ce qui rend St.-Malo l'endroit à peu près de tout le
globe où l'Océan marne davantage. En un mot, le Rocher-d'Aaron dont
nous venons de parler, et
dont le sommet n'était alors couvert que d'un simple monastère
entouré de quelques pauvres cabanes de pêcheurs et de pâtres,
demeura presque comme une île au milieu de ces vastes débris, et
n'eut plus, de mer haute, de communication avec le continent qu'au
moyen d'une langue, de terre encore assez large à cette époque »
sur les restes de laquelle repose maintenant la chaussée
principale,
dite communément le Sillon.
-A.jpg) |
On peut visiter Cap Fréhel toute l'année.
Juillet 2013. |
Dans
l'intervalle des quatre-vingts quelques années suivantes, tous les
lieux dont nous venons de faire mention furent à peu près réduits
à l'état où nous les voyons de notre temps, à l'exception de ce
qu'on a regagné à diverses reprises sur l'élément dévastateur.
La seule partie qui tint bon, en 709, contre les insultes de l'Océan,
fut celle comprise entre Césambre, les deux Bés et la Hoguette. Les
prairies qu'elle renfermait, long-temps connues sous le nom de
prairies de Césambre, parce que Césambre en formait la pointe,
avaient pour base les rochers actuels dits des Bons-Hommes, les
Herbières, les Rats, la Pierre-aux-Anglais, Dodehal, les Coquières,
les Hongréaux et la Roche-aux-Dogues. Malgré les coups redoublés
des flots qui les attaquaient à droite et à gauche, elles
n'éprouvèrent, pendant des siècles, que des brèches plus ou moins
notables;
-A.jpg) |
Cap Fréhel vaut la peine d'être visité.
Juillet 2013. |
mais à la fin, après bien des résistances inutiles, il
leur fallut céder en entier, comme les autres, aux brigandages des
tempêtes et des marées, qui les avaient déjà couvertes
momentanément en 1163. On croit que le fameux tremblement de terre
qui, en 1427, renversa une partie de la ville de Nantes, engloutit
cinquante-cinq villages en Hollande, et treize autres dans les
environs de Dol, prépara leur ruine totale. Ce qu'il y a de sûr,
c'est que, depuis l'an 1438, on n'en aperçoit plus que de faibles
vestiges, dans ce long banc de sable et de pierres que le reflux
laisse à découvert à la queue du Grand-Bé, lors des équinoxes,
et qu'on appelle le Banc des Normands ou des Bés ».
J. Bazouge nous fait part d'un souterrain entre le phare et le château de Fort-la-Latte.
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Jour du départ de la Route du Rhum 2011. |
"Dans
les flancs déchirés de la presqu'île de Fréhel, entre le phare et
le fort Lalatte, le flot s'est creusé, depuis des siècles, un
souterrain que les vieux habitants du Cap désignèrent jadis sous le
nom de Toul-an-Ifern, Le T'rou de l'enfer en breton.
Le
Trou de l'Enfer est un gouffre profond de plusieurs centaines de
mètres, sur un à deux kilomètres de prolongement, où
l'imagination des riverains crut longtemps entendre les gémissements
étouffés des âmes vouées aux supplices éternels. Ces plaintes
n'étaient autres que celles de l'Océan se précipitant dans cette
sombre impasse dont les voûtes naturelles mesurent 60 à 80 pieds de
hauteur. On ne peut visiter le Trou de l'Enfer avec sûreté qu'à
l'époque des marées d'équinoxe, et seulement pendant
quelques heures, encore doit-on prendre de grandes précautions. Ce
n'est pas là, du reste, le rendez-vous de nombreux touristes." [Guide du voyageur dans la ville de Dinan et ses environs ; par J. Bazouge. 4e édition. 1879].
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Panoramique du Cap Fréhel. 2011. |
CAP FREHEL,
UN PROMONTOIRE
QUI NOUS ÉMEUT
A CHAQUE FOIS!!
Site consulté pour l'histoire : texte de : Luce-Marie
ALBIGÈS et Xavier LAUBIE
Guide Micheline
Cap Fréhel: L'avis du Guide Vert MICHELIN
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Fréhel
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Images prises le 7 juillet 2013 à Cap Fréhel, Plévenon (22).
©josé maría gil puchol productions 2013
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